Trois générations d'une même famille, les Meunier, croisent leurs regards de photographes à travers le temps et l'espace.

Jean Meunier (1890 - 1974)

Le Val de Saône lui a offert son territoire et surtout la lumière pour ses premières écritures argentiques, au charbon ou à la gomme bichromatée. Des lacs italiens il rapporte une série d'autochromes, sans avoir à gommer les fils électriques ou les parkings des cars de touristes. Professeur à Bourg en Bresse, il emmène ses élèves en montagne (Club alpin). A sa retraite (1958) il ouvre un magasin de photographie près de Lyon.

 Gabriel (1948)

Pour aider son père - ou par plaisir - il met les mains dans le révélateur. Mais c'est déjà la fin de l'argentique. Au quotidien les nouveaux matériaux ne font pas que des miracles. Le formica, la poupée Barbie (80 millions vendues chaque année), la folie du tout goudronné... créent souvent autant de ravages dans l'espace que dans l'esprit. Après une carrière d'enseignant il reprend sa passion photo, édite des cartes postales, expose et illustre des ouvrages en relation avec l'environnement et la ville.

Antoine (1993)

Ouvriers disparus des hauts fourneaux lorrains, mendiants, manifestants de passage, marginaux éloignés des nouveaux quartiers émergents...Par ses photographies de rue Antoine suggère un temps devenu imposé, non maîtrisé, volé. Les friches industrielles, les hôpitaux abandonnés, les quartiers livrés à la pelleteuse autant de scènes où l'homme a travaillé, souffert, se dépasse et crée des raisons d'exister.

Trois dialogues

Photographie, écriture par la lumière... Malgré les bouleversements techniques et plus de deux siècles après son invention, cette définition reste d'actualité. Mais quelle lumière ? Celle des précurseurs, des intérieurs intimistes et bourgeois ? Ou bien celle des mégapoles couvertes de réverbères ?

D'autre part les sources d'inspiration ne se réduisent pas à la seule perception lumineuse. Cette exposition invite trois générations d'une même famille, trois personnalités et sensibilités différentes, à engager des dialogues dont lumière, matière et temps sont les thématiques... Autant de "Matières à dire" s'il en est !

De passage en ville, un dialogue entre Jean et Antoine Meunier, met en scène les petites gens, (marchands de marrons, balayeurs, maintenant immigrés, déracinés, SDF), et aussi des manifestants, des gens du voyage, forains... Marginalisés, la grande fête de la ville n'est pas pour eux.

Libres espaces est un échange entre Jean et Gabriel Meunier sur l’éphémère, les fleuves... Tous paysages qui se déconstruisent et se reconstruisent entre tradition et modernité, entre moments fugaces et insolites.

Enfin, Temps de rouille, entre Gabriel et Antoine Meunier, esquisse la fin des mondes industriels et l'inexorable oxydation de toute matière, qui mute et se décompose.