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Le rapport de Massenet et de Saint-Etienne

Alexis Massenet

Jeune ingénieur dans l’armée de Joseph Bonaparte en Espagne, Alexis Massenet (1788 – 1863) se lie avec le Maréchal Soult qui introduit l’industrie des faux en France à la Restauration.
Alexis prend en 1817 la direction de l’atelier de Soult, à Toulouse, puis à Saint-Juéry près d’Albi. On y cémente les « fers forts » des forges pyrénéennes.

C’est à Saint-Juéry qu’Alexis Massenet entre en relation avec James Jackson fils, fabricant d’acier fondu formé dans la Loire dont il emploie les produits à partir de 1830.
L’acier fondu, dont le secret de fabrication est importé d’Angleterre en 1814, est alors une spécialité de la métallurgie forézienne.

Avant la mise au point des procédés Bessemer (1860) et Martin-Siemens (1867), l’acier est un produit cher, fabriqué en petites quantités pour la taillanderie particulièrement. L’acier fondu est obtenu en liquéfiant dans de petits creusets très réfractaires, du fer cémenté, c'est-à-dire chauffé en vase clos avec de la poudre de charbon de bois. Cette technique donne des aciers de très haute qualité. Elle est découverte vers 1740 par un métallurgiste de Sheffield, Benjamin Huntsman. C’est James Jackson père, appelé par le ministre Chaptal qui importe cette technique au Chambon-Feugerolles en 1814. L’industrie des aciers fins trouve son origine dans ce rapt technologique.

La certitude de trouver le meilleur métal possible, la houille et une desserte ferroviaire poussent Alexis Massenet à s’installer à Montaud, au nord de Saint-Etienne.
Alexis, associé au fabricant de rubans David puis aux Jackson, installe l’usine en 1839 : 5 martinets, 5 machines à vapeur, une aiguiserie, des fours à réchauffer et à cémenter.
C’est la réussite : la production atteint 300 000 pièces. Les faux de la Terrasse obtiennent une médaille d’or à l’Exposition de 1844, Alexis la Croix et une nomination de conseiller municipal à Saint-Etienne.

Poussé par la concurrence – Frédéric Dorian et Louis Chaleyer, autres taillandiers – Alexis s’engage en 1846 dans un projet trop important pour ses finances : Pont-Salomon, afin de profiter des eaux motrices de La Semène. Dans un contexte de crise, il se trouve marginalisé et doit céder ses parts à ses associés Jackson et Gerin.
La famille Massenet quitte la Loire en 1848 pour Paris. Alexis vend en 1853 sa dernière action de Pont-Salomon et meurt à Nice 10 ans plus tard.

C’est à Montaud que naît Jules Massenet, quatrième enfant d’Alexis et d’Adélaïde Royer de Marancour, sa seconde épouse, le 12 mai 1842.
Le petit Jules quitte Saint-Etienne à l’âge de 6 ans. Il n’y reviendra qu’une cinquantaine d’années plus tard, devenu un compositeur célèbre.


Donnant une interview au Scribner's Magazine en 1893, Jules Massenet déclare :

« Mon père était maitre de forges et c’est à lui que l’on doit l’invention de ces énormes marteaux qui écrasant l’acier avec une force extraordinaire transformaient les barres de métal qui devenaient en un instant faux ou faucilles. C’est au bruit de ces lourds marteaux d’airain, comme dit le poète antique que je suis né ».


Non, Alexis n’était ni Bourdon, ni Nasmyth, les vrais inventeurs du marteau-pilon, mais un des protagonistes de la révolution industrielle, à laquelle le bassin stéphanois a tant contribué.


C’est la carrière industrielle du père qui fonde le rapport du fils à sa ville natale. La carrière de Jules Massenet est en effet parisienne et internationale.

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