Introduction

L’avènement de la photographie vers la fin des années 1840 ouvre la voie à une nouvelle activité professionnelle : photographe. L’arrivée de la photographie à Roanne fut particulièrement rapide. Dès 1843, des photographes itinérants annoncent leur passage dans la presse locale et proposent leurs daguerréotypes. Est-ce la situation de cette ville sur un axe routier important ou la proximité de Lyon qui valent aux Roannais de connaître rapidement cette découverte ?

En 1852 Maria Chambefort ouvre le premier studio permanent, place d’Armes [actuelle place de la Paix].
Atelier de Maria Chambefort

Ensuite, l’invention de la carte de visite va transformer fondamentalement la production du portrait photographique et générer l’ouverture de nombreux ateliers.
Débutant à Paris, la profession se diffuse sur l'ensemble du territoire national durant la deuxième moitié du 19ème siècle. L’explosion de cette profession naissante connaît une mutation permanente, particulièrement marquée durant la décennie de 1870. La densité de la population des photographes professionnels augmente à l’intérieur des villes, mais également dans toute la France citadine et rurale.
Roanne, ville en plein essor industriel, n’échappe pas au phénomène et la toute nouvelle notabilité trouve dans la photographie un médium pour asseoir sa représentativité sociale.

Emile Dessendier et ses fils leur proposent avec leur Galerie Dessendier le plus important studio de la ville.

Celle-ci connaît un rythme soutenu d’installations de studios photographiques de 1843 à 1950 : 115 photographes ont été recensés. Sa particularité n’est pas le rythme des installations légèrement supérieur à la moyenne nationale, mais bien la qualité des opérateurs roannais qui ont souvent laissé des images aussi belles techniquement qu’esthétiquement.
Les Galeries Dessendier

Le métier se transforme avec les perfectionnements du matériel, les inventions techniques et l’évolution de la société. La demande de photographies mute vers le reportage alors que les portraits représentaient plus de 90% des demandes jusqu’à la fin du 19ème siècle. Le photographe devient peu à peu un témoin privilégié de l’espace familial, de la vie publique, de grands évènements ou de pays lointains comme en témoigne cette photographie rapportée par le médecin roannais Claude Dethève vers 1895 provenant de l’atelier Bonfils installé au Caire
Ascension de la grande pyramide par un touriste

La photographie s’impose petit à petit comme pratique documentaire au service de nombreux domaines de l’activité humaine : scientifique, géographique, médicale, informative… La multiplicité des usages qu’elle suscite, son caractère sériel en font l’instrument privilégié d’une nouvelle appréhension du monde moderne qui émerge au tournant du siècle. Stéphane Geoffray et son inventaire photographique des villes de Charlieu et de Roanne en sont un bon exemple
Château rue du Marais

L’évolution du matériel de prises de vues et des produits photographiques, en particulier l’arrivée des émulsions au gélatino-bromure d’argent, plus commodes et plus rapides permettent une vulgarisation et une démocratisation de la pratique photographique. L’amateur produit lui-même un grand nombre d’images, pratiquant parfois sa passion au sein d’un club. Le Photo-club de Roanne créé en 1895 est tout à fait exemplaire à cet égard.
Catalogue de l'exposition organisée par le Photo-Club de Roanne en 1896

La pratique amateur la plus développée au début du 20ème siècle se situe au sein du cercle de famille, l’appareil de photos s’imposant petit à petit comme l’indispensable témoin des petits et grands moments de la vie familiale.

La diffusion et le développement de la photographie à Roanne peuvent être considérés comme un modèle intéressant et exemplaire du point de vue de l’expansion de cette invention, de l’évolution de la profession, des usages et pratiques aux premiers temps des photographes.