Le goût de Stendhal pour les voyages remonte à son enfance et aux déplacements qu'il évoque dans la Vie de Henry Brulard :
Mémoires d'un touristeenvirons de Grenoble ou Savoie toute proche où il s'était rendu à plusieurs reprises.
Le grand saut se produit avec son entrée dans l'armée napoléonienne et dès lors, voyageur infatigable, il ne cesse de passer les frontières. L'Italie, devenue sa terre d'élection, la Russie, l'Allemagne, l'Angleterre, figurent parmi ses destinations, mais aussi la France, dont il parcourt diverses régions.
Cet écrivain, dont son ami Mérimée disait qu'il avait besoin de "locomotion", aime voyager, mais loin de le faire en dilettante, il se révèle observateur de l'âme humaine et du monde qui l'entoure, en retraçant au fil de la plume ses impressions, les mœurs des habitants rencontrés et sa vision des monuments visités.
"Mais quoi, me suis-je dit, quitterai-je l'Europe, peut-être
Eglise Saint-Sernin à Toulouse pour toujours, sans connaître la France ?" (Mémoires d'un touriste). Eprouvant une vive curiosité à l'égard de son pays natal, Stendhal sillonne la France en tous sens : il en relève les différences, note les transformations économiques et sociologiques qui marquent son époque, combien "en France les grandes villes sont en avance d'un siècle ou deux sur les petites", et à quel point les provinces perdent leurs spécificités en s'uniformisant à l'égal de la capitale.
"Le jour, j'errais dans les environs de Londres […]. Rien n'est
Lettre à Sutton Sharpe égal à cette fraîcheur du vert en Angleterre et à la beauté de ses arbres […]. La vue de Richmond, celle de Windsor, me rappelaient ma chère Lombardie, les monts de Brianza, Desio, Como, […] beaux pays où sont placés mes beaux jours." (Souvenirs d'égotisme).
Bien qu'il ait toujours éprouvé de la curiosité pour l'Angleterre, Stendhal ne consacre aucune œuvre majeure à ce pays, où il se rend par trois fois entre 1817 et 1826, à Londres puis dans le nord de la contrée. Il s'intéresse aux mœurs de "cette nation originale et passionnée", dont il connaît la langue - à l'origine des nombreux anglicismes qui émaillent son œuvre - et se réjouit de voir jouer Shakespeare, "le seul écrivain lisible" à ses yeux. Aux monuments qui ne le touchent guère, il préfère de longues promenades dans la campagne.
Lettre 3 - Les Anglais à Rome Durant sept ans, il assure une collaboration à la presse anglaise, fournissant des textes portant sur la vie littéraire, politique et morale de la France de la Restauration, et se faisant le reporter de la réalité française. Mais si des journaux comme The New Monthly Magazine ou Paris Monthly Review accueillent ses articles, il ne parviendra pas à en publier dans la célèbre Edinburgh Review.
Dans l'esprit et dans l'œuvre de Stendhal, qui se plaît à opposer le nord et le sud, l'Angleterre sera perpétuellement comparée à l'Italie.
"Rien dans l'univers ne peut être comparé au charme de ces
Ruines romaines jours brûlants d'été passés sur les lacs du Milanais, au milieu de ces bosquets de châtaigniers si verts qui viennent baigner leurs branches dans les ondes." (Rome, Naples et Florence).
C'est une véritable passion "charnelle", remontant à l'enfance, que Stendhal éprouve pour "la patrie de l'oranger", sa "cara Italia", où, dit-on, cet arbre pousse en pleine terre. Avec un goût prononcé pour la nature, formé par ses lectures de l'Arioste, il découvre ce pays dans le sillage de Napoléon, simultanément à la musique de Cimarosa ; dès lors, il ne souhaite plus que "vivre en Italie et entendre de cette musique." Sa carrière l'amène à faire plusieurs aller-retour entre cette terre promise et d'autres contrées. Milan reste sa ville préférée, tandis que Rome ne lui plaît que plus tardivement et qu'il s'ennuie à mourir durant son consulat à Trieste puis à Civitavecchia. Observateur du caractère italien, des événements politiques, des villes parcourues, l'écrivain trouve dans ce pays, outre la passion amoureuse, l'inspiration pour rédiger quelques-unes de ses plus belles œuvres. Pour Stendhal, règnent sans partage en Italie beauté, bonheur, volupté et arts.
Promenades dans Rome
Le Vésuve
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