Da Vinci love

Stendhal tombe sous le charme de la Cène, fresque de Léonard de Vinci visible dans le réfectoire du couvent de Sainte-Marie-des-Grâces à Milan. Fidèle à son habitude de griffonner, il en fait un petit croquis.

Pour Stendhal, les spécificités de Vinci sont la noblesse, la mélancolie, une intériorité « musicale », la paix et l'expressivité des visages, le clair-obscur, invitation à la rêverie. Stendhal put voir de nombreuses répliques de la Cène, ce qui lui fit écrire : « J'ai vu dans mes voyages environ 40 copies de la Cène de Léonard. Au total, la gravure de Morghen me convient beaucoup mieux. » (Journal, 11 mars 1808).

L'Histoire de la peinture en Italie est l'œuvre dans laquelle Stendhal écrit son intérêt pour Léonard de Vinci.

Ainsi peut-on lire : « [Léonard de Vinci] avait ce coloris mélancolique et tendre, abondant en ombres, sans éclat dans les couleurs brillantes, triomphant dans le clair-obscur, qui, s'il n'avait pas existé, aurait dû être inventé pour un tel sujet. » (Histoire de la peinture en Italie).

Stendhal travaille avec enthousiasme à ce manuscrit pendant six ans avant qu'il ne voie le jour en 1817 malgré maints avatars et maintes retouches. Il s'attire des critiques pour s'être beaucoup inspiré des meilleurs historiens de l'art jusqu'au plagiat. Publiée à compte d'auteur, l'Histoire de la peinture en Italie n’a aucun succès. Ce livre se révèle néanmoins comme un véritable manifeste pour une nouvelle théorie des beaux-arts. Stendhal rejette en bloc les canons classiques de l'art et prône un idéal de beauté fait pour les hommes de son époque.