Stendhal « excitateur d'idées » (Sainte-Beuve)

A Paris, Stendhal fréquente des salons célèbres comme « le grenier » d'Etienne-Jean Delécluze (1781-1863) qui réunit des romantiques libéraux exclusivement masculins. Il y retrouve Mérimée, à propos duquel il écrit :« Ce jeune homme avait quelque chose d'effronté et d'extrêmement déplaisant. Ses yeux, petits et sans expression, avaient un air toujours le même et cet air était méchant. Telle fut la première vue du meilleur de mes amis actuels. » (Souvenirs d'égotisme).
Delécluze, ancien artiste, homme de lettres, critique d'art au Journal des Débats a une curiosité toute spéciale pour ces deux habitués de son cénacle. Les propos de Stendhal l'horrifient mais l'amusent également :

« Dans une discussion sur les lettres, [Stendhal] dit, emporté par la discussion : "Nous ne sommes pas de la même nature, ou bien, si vous voulez que nous soyons deux cruches, vous avez été rempli de miel, moi je contiens du vinaigre". »

Avant d'étudier les lettres, Delécluze reçoit une formation artistique. Il fait un dessin à la plume de Stendhal lors d'un voyage en bateau avec George Sand où, enivré, Stendhal effectua quelques pas de danse qualifiés par celle-ci de « grotesques ».

Prosper Mérimée (1803-1870)

Stendhal représenté en faune dansant, un chapeau de consul sous le bras. Dessin à l'encre de chine d'Etienne-Jean Delécluze, XIX^e s.

François-Pascal-Simon Gérard (1770-1837)

Stendhal fréquente aussi le salon du baron et peintre François-Pascal-Simon Gérard où l'introduit Mérimée. Il y apprécie beaucoup ces soirées où les musiciens ont une place de choix. Il s'y acquiert rapidement une réputation par ses réparties tant spirituelles que mordantes.

Les salons, où la causticité et la conversation de Stendhal font merveille, sont pour ce dernier l'occasion de rencontrer la société qui inspire ses écrits et de se pourvoir en idées nouvelles.