Logo du portail Lectura Accueil | L'enfance | Les femmes | Les arts | La politique | Les voyages Main de femme, tirée des manuscrits de Stendhal (R299_1B109)
Retour aux questions

Les femmes - Stendhal

3.
En quoi l’épisode de la rencontre d’Henri Beyle et de Mademoiselle Kubly est-il un événement important ?

« Rien ne pouvait être commun ou plat dès qu'elle paraissait. »
(Vie de Henry Brulard).

« Un matin, me promenant seul au bout de l'allée des grands marronniers au jardin de ville, et pensant à elle comme toujours, je l'aperçus à l'autre bout du jardin, contre le mur de l'Intendance (J'étais en H, je l'aperçus en K) qui venait vers la terrasse. Je faillis me trouver mal et, enfin je pris la fuite comme si le diable m'emportait, le long de la grille par la ligne F. […] Le bonheur de la voir de près, à cinq ou six pas de distance, était trop grand, il me brûlait, et je fuyais cette brûlure, peine fort réelle. » (Vie de Henry Brulard).
La rencontre avec Virginie Kubly. – Croquis de Stendhal extr. du manuscrit Vie de Henry Brulard (R299_2B222).

La rencontre avec Virginie Kubly. – Croquis de Stendhal extr. du manuscrit Vie de Henry Brulard

Grâce à son admission à l’Ecole Centrale de Grenoble en 1796, le jeune Henri peut enfin se mêler aux adolescents de son âge. Il assiste à des concerts, des spectacles de comédie ou d'opéra au théâtre, se promène dans le Jardin de ville tout proche.

C'est pour une jeune comédienne, Virginie Kubly, d'abord aperçue sur une affiche avant d'être découverte sur scène, que le jeune homme connaît ses premiers transports amoureux.

« Il n'y avait qu'un être au monde : Melle Kubly, qu'un événement : devait-elle jouer ce soir là, ou le lendemain ? » […] « Je n’osais pas prononcer le nom de Mlle Kubly ; si quelqu’un la nommait devant moi, je sentais un mouvement singulier près du cœur, j’étais sur le point de tomber. Il y avait comme une tempête dans mon sang. » (Vie de Henry Brulard).
En route pour le théâtre. Dessin de Géniole, gravure de Loiseau, XIXe s. (C2127_3_265).

En route pour le théâtre. Dessin de Géniole, gravure de Loiseau, XIXe s.

Virginie Kubly fait partie d’une troupe itinérante d’acteurs qui joue à Grenoble en 1795 et 1799. Henri a quinze ans quand il l’entend chanter « de sa pauvre petite voix faible, dans le Traité nul de Gaveaux […] ». Une folle passion naît !

Dans l'extrait de la Vie de Henry Brulard cité plus haut, Stendhal narre cette rencontre volontairement « manquée » avec Virginie.
En dépit du caractère amusant et anodin de la situation, cette non-rencontre est un événement important, qui permet de découvrir le futur Stendhal à travers Henri : sa timidité – « Plus j['aime], plus je suis timide » –, son imagination au service de l'être aimé – la future théorie de la « cristallisation » –, sa capacité à sentir d'instinct la nécessité, les plaisirs et les tortures à aimer « de loin ».

Ajoutons que pour Stendhal, qui relate ces faits à cinquante ans passés, une chose est certaine : « Là commença [s]on amour pour la musique […] » (Vie de Henry Brulard).


Liens | À propos | Plan du dossier  | Exposition virtuelle