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La carrière de Massenet, la voie du marché

L'oeuvre et l'image de Massenet font le tour du monde

Le marché, c’est d’abord celui des théâtres.
Le succès d’un opéra à Paris, sur des scènes aussi prestigieuses que celles de l’Opéra comique ou du Palais Garnier, entraîne l’exportation de l’œuvre et sa traduction : on l’a vu pour Le Roi de Lahore, monté en Italie d’abord, puis joué à Londres, à Prague, à Munich… Rio de Janeiro et Buenos Aires !
La voie académique ouvre celle du marché.
Les œuvres les plus populaires, comme Manon et Werther, font le tour du monde : Werther, dans la seule année 1894 est joué à Chicago, New York, Londres, La Nouvelle-Orléans et Milan.
Droits pour le compositeur, pour le librettiste !

Un homme incarne la voie du marché : c’est l’éditeur Georges Hartmann.

Hartmann fonde sa maison d’édition en 1868 et s’assure l’exclusivité de la vente des partitions de Jules Massenet.

Pour mieux faire connaître la musique de Massenet – et lui donner une valeur marchande –, l’éditeur engage en 1873 à la tête du Concert National qu'il fonde à l'Odéon, le violoniste Edouard Colonne, plus tard chef d’un orchestre célèbre. Colonne et Massenet triomphent avec Marie-Magdeleine !

Jules dispose d’un cabinet chez son éditeur : il y réalise des auditions, y compose, y rencontre musiciens, interprètes, entrepreneurs de spectacles. Il y subit aussi l’influence de son « manager » qui le pousse dans la voie ouverte par Wagner. En 1886, Hartmann emmène Massenet à Bayreuth. Pour Esclarmonde (1889) Massenet utilise davantage les cuivres et introduit le leitmotiv.

Hartmann est au centre d’un réseau de directeurs de théâtres, de musiciens, d’interprètes. Pour l’écrivain Henry Céard, il « plante son pavillon industriel sur tous les sujets qui passent ». Ce qui ne l’empêchera pas de faire faillite en 1887. Son fonds et ses droits sur l’œuvre de Massenet sont alors repris par la vieille maison Heugel qui publie la revue Le Ménestrel.


Alfred Bruneau, élève de Massenet, travaille aussi chez Hartmann comme correcteur. Ambiance :

« Avant le dîner, plutôt que d'aller au café, les ténors en disponibilité, les critiques sans feuilleton, les directeurs à la recherche d'un théâtre venaient "chez Hartmann", espérant y trouver l'objet de leurs convoitises et certains d'y coudoyer des gens importants, d'utile fréquentation. Un jour, Massenet m'appela et, ouvrant la porte de la pièce en question me dit : "Je vais vous faire voir quelque chose de joli ..." J'entrai et j'aperçus une jeune femme de beauté singulière, de grâce incomparable. Des cheveux châtains, indisciplinés et légers, où luisaient des reflets d'or, auréolaient son pur visage, harmonieux et souriant. Elle m'adressa la parole qu'un imperceptible accent étranger rendait extraordinairement captivante. "Chantez un peu pour Bruneau", lui demanda Massenet en s'asseyant au piano. Une voix s'éleva, juste, souple, étendue, agile, aérienne, de limpidité cristalline et de tendresse voluptueuse. "Ce sera la créatrice d'Esclarmonde", ajouta Massenet. J'avais devant moi Sibyl Sanderson »

Jules Massenet est un des premiers musiciens français à se tourner d’une manière très moderne vers le marché…

… et même vers la publicité naissante : collaboration avec Liebig, les biscuits LU…

Le marché, c’est aussi la fréquentation des faiseurs d’opinion que sont les riches bourgeois mélomanes.

Massenet va chercher soutien et approbation dans les salons amis. Ils sont pour lui, selon Myriam Chimènes « un organe de résonance ». Il les fréquente avec assiduité à partir de 1896, après sa démission du Conservatoire.

Notons le salon de Lydie Aubernon de Nerville et surtout celui de Madeleine Lemaire.

Il y côtoie écrivains, musiciens, politiciens et dandys : Anatole France, Maupassant, Vigny, Renan, Leconte de Lisle, Marcel Proust, Saint-Saëns, Coppée, Clemenceau, Robert de Montesquiou, Emile Loubet…

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