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Le rapport de Massenet et de Saint-Etienne

Saint-Etienne et Jules Massenet

Saint-Etienne, au contraire, paraît « annexer » Jules Massenet. De son vivant déjà, pas de concert sans son œuvre, à vrai dire intensément populaire, ou sous sa présidence d’honneur !

Dès 1912, année du décès du Maître, le théâtre municipal est baptisé Théâtre Massenet, la municipalité confie au sculpteur Lamberton la fonte d’une plaque apposée en 1914 sur la maison natale. En 1920, c’est la place de la Terrasse elle-même qui devient la place Massenet.
Enfin, en 1929, est érigée la Muse de Massenet, avenue de la Libération.

Plusieurs raisons à cela : Saint-Etienne, ville industrielle, manque de célébrités artistiques ou littéraires, et Jules Massenet, sincèrement républicain et patriote, abondamment honoré par la Troisième République est bien plus « montrable » que le monarchiste Jules Janin, à qui sont rendus des hommages mitigés !

En 1924, c’est un Massenet très peuple que l’on célèbre sous le mandat du maire de gauche Louis Soulié : pour fêter dignement les embellissements de la ville et l’électrification de l’éclairage public, la municipalité organise une grande fête républicaine, placée sous les auspices de Massenet ! Défilés musicaux, concours de pompiers, de gymnastes, illuminations. On interprète publiquement L’Apothéose de Massenet, composée par le chansonnier ouvrier Gonon, au profit de la future Muse… La revue culturelle de la région, Les Amitiés foréziennes et vellaves, regrette un peu cette kermesse, d’où Massenet est finalement assez absent.
Mais la foule ne boude pas son plaisir !

En 1942, on célèbre le centenaire de la naissance par un florilège de l’œuvre de Massenet donné pour l’essentiel à l’Eden-Théâtre.
Certains traits du projet culturel de Vichy sont présents : renouvellement du félibrige, exaltation de la culture et des traditions nationales. Le clou du cycle Massenet, en juillet, est la représentation du Jongleur de Notre-Dame, sur le parvis de Saint-Charles, malgré la pluie qui menace. Le sujet religieux puise son inspiration dans le légendaire médiéval cher à Vincent d’Indy, l’inspirateur de la Schola Cantorum, dont l’objectif est la régénération de la musique française par un retour à la tradition.

Bien que l’œuvre de Massenet reste présente dans la programmation lyrique stéphanoise dans toute la seconde moitié du vingtième siècle, l’année 1990 marque une rupture : l’Esplanade s’engage dans l’aventure de la Biennale Massenet.

Dédaignée par les avant-gardes musicales parce que bourgeoise et devenue inaudible après la guerre de 1914 – comment chanter Ouvre tes yeux bleus après une pareille boucherie – la musique de Massenet est redécouverte dans les années 1970 en Grande-Bretagne d’abord.

La Biennale Massenet, grâce à laquelle sont créées ou recréées des œuvres peu connues, comme Cléopâtre, Amadis ou Panurge est accompagnée d’une réflexion conduite par le Centre d’étude de la musique française, organisateur de colloques où des spécialistes internationaux confrontent leurs travaux. Massenet sort du champ de la commémoration pour entrer dans celui de l’histoire de la musique et de la musicologie.

Enfin, la Médiathèque conserve d’importantes collections Massenet, sans cesse enrichies : manuscrits musicaux, lettres autographes, partitions, affiches. En 2003, avec l’aide du Fonds régional d’acquisition des bibliothèques, nous avons acheté un ensemble important de partitions manuscrites, dont celle d’Ariane et de Don Quichotte.

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