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L'art de Jules Massenet dans son temps - Quelques pistes

Du Parnasse au Naturalisme

Massenet entretient des relations étroites avec le Parnasse, qui lui fournit des librettistes comme Catulle Mendès et Leconte de Lisle. Ce mouvement poétique recherche la perfection formelle – comme Massenet la recherche en musique – en réaction aux excès du romantisme. Cet art du recueillement, ces vers travaillés, ciselés, cet art national aussi – François Coppée, poète de la Revanche – devaient séduire le compositeur dont le nom figure parmi les créateurs, en 1871, de la Société nationale de Musique.

L’une des dernières œuvres de Jules Massenet est une Suite parnassienne, datée de 1912.

Surprenante est la conversion de cet académicien à l’opéra vériste, puis naturaliste. On connaît le succès, en 1890 de Mascagni et de sa Cavalleria Rusticana : opéra, situé dans la Sicile paysanne et mettant en scène une histoire d’amour trahi et de vendetta.

Massenet monte La Navarraise, en 1894 : tragique histoire d’amour, de meurtre et d’argent, située pendant les guerres carlistes dont le Pays basque espagnol est le théâtre. Rompant avec la tradition Jules Claretie et Henri Cain fournissent à Massenet un livret en prose.

En 1897, c’est Sapho, opéra délibérément naturaliste, tiré d’une œuvre d’Alphonse Daudet qui triomphe à Covent Garden. Les amours de Jean et de Fanny tournent mal lorsque Jean apprend que Fanny est la courtisane Sapho... Elle le quittera par amour.
Action contemporaine, costumes modernes, tranche de vie, mais musique douce et discrète.

Massenet continue dans la même voie avec Thérèse (1907), drame situé au temps de la chute des Girondins.

L’opéra réaliste trouve son origine dans la rencontre de Zola et de deux élèves de Massenet : Alfred Bruneau et Gustave Charpentier.
Bruneau, en 1891 crée Le Rêve, histoire d’une enfant trouvée, puis L’Attaque du moulin, tirée de la première nouvelle des Soirées de Médan en 1893. Ce drame retrace un épisode cruel de la guerre franco-allemande. L’opéra se conclut sur ses paroles : « Oh ! la guerre ! Héroïque leçon et fléau de la terre ! ». Gustave Charpentier est le créateur de Louise, la seule œuvre naturaliste qui ait conservé la faveur du public.

On a le sentiment d’une conversion superficielle, un peu opportuniste, non encore dégagée de tout composant académique. Massenet cherche une piste pour « brûler à nouveau les planches ».

Il reviendra en 1906 à un sujet plus traditionnel avec son dernier très grand succès : Ariane, sur un livret discutable de Catulle Mendès, l’enfant terrible du Parnasse, qui se tourne vers le symbolisme et Wagner.

Situées au tournant de la carrière de Massenet, les œuvres naturalistes répondent à la mutation des goûts du public. Les années 1890 sont une charnière importante de l’histoire culturelle française : décadence de l’académisme en peinture, promotion en littérature de genres nouveaux comme le symbolisme, affirmation de la peinture impressionniste… La modernité s’apprête à triompher.

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