De la gravure à l'amplification

On a tous déjà vu ou entendu parler du phonographe, cette espèce de boîtier orné d'une trompe d'éléphant évasée qui diffuse de la musique, dans les vieux films en noir et blanc. Pourtant, avant de devenir le premier appareil de reproduction sonore destiné au public, le phonographe servait d'abord à graver puis reproduire du son par un procédé mécanique.

On considère que l'inventeur américain Thomas Edison fût le premier à breveter cette invention en 1877. Après s'être intéressé au téléphone et aux procédés de transmission de l'information, le phonographe est le résultat de son ambition d'enregistrer puis de diffuser du son. Le respect voué à cette invention se fait vite sentir, en témoignent les archives du portail Lectura Plus :


"Parmi les inventions les plus pratiques de notre époque, la plume électrique du célèbre Th. A. Edison, inventeur du téléphone perfectionné, du quadruplex ou du phonographe, occupe un des premiers rangs."
Ou encore dans Le Salut Public, le 14 mars de la même année (nouvel onglet) :

"Lundi, à l’Académie des sciences, a été faite une expérience dont le résultat distance de mille piques toutes les merveilles du téléphone. Le phonographe, cet instrument qui enregistre, écrit et conserve la parole humaine pour la rendre intacte et pure à la volonté de son maître, est, contrairement à ce qu’on avait cru jusqu’à présent, tout ce qu’il y a de plus vrai, de plus réel."

Cependant, l'article se clôt sur des accusations des membres de l'Académie des sciences. Peu désireux de croire au progrès qu'on leur présente, certains prétendent que le démonstrateur est un ventriloque ou un charlatan qui cherche à les tromper.
 

Le phonographe fait son cinéma

Ce procédé est progressivement remplacé au siècle suivant par le gramophone, bien que dans le langage commun, on continue de l'appeler phonographe ou "phono".

Le court métrage Rosalie et son phonographe, réalisé par Romeo Bosetti en 1911, illustre bien l'émoi que cette découverte a engendré chez les amoureux de musique. Une manivelle permettait de diffuser la musique, elle sera ensuite remplacée par un moteur à ressort.
Peu à peu, le gramophone est lui aussi remplacé par les tourne-disques (eh oui l’obsolescence des appareils n’était peut-être pas programmée, mais elle trouait déjà les porte-feuilles !) et les disques vinyle à microsillons font leur apparition en 1948. Le disque compact opère une nouvelle révolution dans l’industrie musicale dès 1981, avant de retomber dans les ventes face à l’évolution de la musique numérique et du streaming (mode de diffusion par internet). Rien ne permettait de prévoir le retour du vinyle, au cœur de l’exposition VinylesMania, qui sait si le phonographe, lui aussi, nous prépare un retour en force ?
 

A noter dans l'agenda :

Exposition VinylesMania du du 1er octobre 2020 au 21 février 2021, plus d'informations sur le site du Musée de L'imprimerie et de la communication graphique (nouvel onglet).


Pour aller plus loin :

Le livre Perfecting Sound Forever : Une histoire de la musique enregistrée, de Greg Miller, crée des ponts entre musique et enregistrement, comment ces deux arts se sont influencés l'un l'autre au cours de l'histoire et des expérimentations de passionnés.

Sources utilisées pour cet article :

Jacques MÉRAND, « EDISON THOMAS - (1847-1931) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 6 juillet 2020. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/thomas-edison/

Wikipédia : Histoire de l'enregistrement sonore

Wikipédia : Histoire du gramophone