La Savoie, entre modernité et traditions

Folklore et ethnographie d’un territoire :
Arnold Van Gennep, Estella Canziani et Eugénie Goldstern

Arnold Van Gennep naît en 1873 et passe une partie de sa jeunesse en Savoie. Il s’intéresse très vite au folklore. L’étude des traditions savoyardes liées à la naissance, le mariage et la mort le conduit à créer le nouveau concept de « rites de passage » qui est encore un modèle pour l’ethnographie.
Intellectuel controversé, il est cependant reconnu comme le fondateur de l’ethnologie moderne car il introduit dans l’étude du folklore une méthode rigoureuse à partir d’enquêtes et d’observations. L’aboutissement de son travail sera la publication du monumental Manuel du folklore français contemporain.

Estella Canziani est issue d’un milieu anglais très aisé et effectue plusieurs voyages en Savoie dans les années 1905 au cours desquels elle recueille des informations sur les costumes, les légendes et les coutumes savoyards. Ayant reçu une éducation artistique très poussée, elle décide de publier le récit de son voyage en l’illustrant elle-même.
Ce livre luxueux est un témoignage plein de fraîcheur et donne une appréciation unique sur les traditions locales en particulier mauriennaises.

Née à Odessa en 1884, Eugénie Goldstern fait ses études d’ethnologie à Vienne où ses parents se sont installés en 1908. Sur les conseils de son professeur Arnold Van Gennep, elle voyage en Savoie durant l’été 1913 et choisit Bessans comme sujet d’étude. Elle s’y installe de décembre 1913 à août 1914. Elle rassemble une collection d’objets d’art populaire qu’elle envoie à Vienne. Elle préserve ainsi la mémoire du vieux village détruit aux ¾ pendant la seconde guerre mondiale. Sa thèse éditée en allemand en 1920, traduite en français par Francis Tracq en 1954 ne fut éditée qu’en 1986 sous le titre La Mémoire du Vieux village Bessans : la vie quotidienne d’une communauté au début du siècle. Elle meurt au camp de Sobibor en 1942.

Arnold Van Gennep

Arnold Van Gennep

(Wikimedia Commons)