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Savoie, terre de départ

« J’estime fort ces honnêtes enfants
Qui de Savoie arrivent tous les ans
Et dont la main diligemment essuie
Nos longs tuyaux engorgés par la suie »

Voltaire

La Savoie est un territoire très rural et montagnard, soumis à des contraintes naturelles et climatiques qui façonnent l’organisation des hommes. Dès le Moyen-Age, des Savoyards ont fui les rudesses des mois d’hiver, durant lesquels ils ne pouvaient plus vivre de l’agriculture et de l’élevage, pour aller travailler en France ou dans les pays rhénans.

Sur les routes ou dans les villes, à Paris ou à Lyon, Bordeaux ou Nancy, Genève aussi, on les connaît colporteurs, commissionnaires (les fameux cols rouges), garçons de boutique, décrotteurs, employés de maison, marchands de tisane, ouvriers dans l’industrie textile lyonnaise, montreurs de marmottes et ramoneurs bien sûr !

Les ramoneurs, souvent des enfants en raison de leur petite taille, étaient confiés à des patrons qui les exploitaient parfois durement. Leur sort a suscité la compassion et une riche production d’images. Au XIXe siècle, une multitude d’associations philanthropiques, de sociétés mutualistes de bienfaisance voit le jour afin de défendre leur cause et leur apporter réconfort et secours matériel.

La figure du petit ramoneur se répand dans l’imagerie au XVIIIe siècle, donnant lieu à une iconographie foisonnante, dans la gravure, les romans populaires, les livres pour enfants ou les contes (La bergère et le ramoneur de Hans-Christian Andersen et Charles Perrault, adapté au cinéma sous le titre Le Roi et l’oiseau). Cette figure se stigmatise dans l’imagerie populaire et romantique. Nombreuses seront les représentations qui peignent les petits savoyards le visage rose, poupin et joufflu, bien loin de la réalité socio-économique qui contraint les Savoyards à quitter les montagnes et à aller chercher du travail dans les grandes villes.

L’image d’une Savoie montagnarde, sauvage et misérable, représentée sous les traits du petit Savoyard ou du petit ramoneur, devient le symbole de tout un territoire. A tel point que l’adjectif « savoyard » sert au XIXe siècle à qualifier les exilés de toutes les provinces de France, contraints à la mendicité. Un autre exemple : les images dans la presse parisienne au moment de l’annexion représentent bien souvent la Savoie sous les traits d’un visage barbouillé de suie.

Aujourd’hui, la figurine ou le porte-clés du ramoneur sont un produit phare des magasins de souvenirs aux quatre coins de la Savoie.