La caricature accède au XIXe siècle au statut de media grand public. Elle véhicule souvent des représentations assez convenues. C’est tout particulièrement vrai pour ce qui concerne l’annexion de la Savoie à la France. Les caricatures touchent à ce sujet essentiellement par deux domaines : la politique internationale et la mise en scène des Savoyards. Les caricatures françaises, soumises à une censure sévère de la part du pouvoir impérial, évitent soigneusement cependant les sujets politiques. En revanche, elles s’expriment librement quand il s’agit de « croquer » les nouveaux compatriotes en 1860. Il faut bien admettre qu’elles sont plus ou moins de bon aloi, le plus souvent paresseuses, se cantonnant à mettre en scène ce qu’on croit savoir à Paris de la Savoie : une terre sauvage, à peine civilisée et misérable, qu’on appréhende essentiellement à travers ses émigrants. A ce titre, le petit ramoneur se taille, pour quelques semaines, une place de choix dans la presse à grand tirage parisienne. La caricature informe moins sur les faits que sur l’état des « mentalités » : c’est là son irremplaçable mérite.