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Dans l’atelier du photographe

Dès son apparition la photographie s’est centrée sur le portrait, engageant une rivalité avec le portrait peint, qui jusqu’alors assurait la représentation de l’individu.
La peinture, par son coût, s’adresse exclusivement aux classes sociales privilégiées.
Les publicités de l’époque insistent volontiers sur l’aspect moins dispendieux de la photographie, tout en proposant une ressemblance du modèle jamais égalée.
L’invention de Daguerre se diffuse rapidement, des ateliers ouvrent dans les grandes villes, des opérateurs itinérants viennent régulièrement à Roanne. Comme partout ailleurs, le portrait sera à Roanne l’usage majeur de la photographie.

Dès 1843, un certain Planchard réalise des portraits au daguerréotype.
Petite annonce parue dans L'Echo de la Loire en 1843

La photographie s’exerce surtout en studio ; on opère dans des galeries vitrées, pour réduire le temps de pose encore très long. L’attitude est convenue, le modèle est assis, le cadrage descend jusqu’au genou, les éléments de décor sont rares, le costume est très présent. Les premiers portraits roannais connus sortent de l’atelier de Maria Chambefort et de sa fille Marie Chambefort ; les premiers sont des daguerréotypes réalisés sans doute vers 1850. Coûtant de 10 à 20 francs, ces daguerréotypes ne restent accessibles qu’à une classe bourgeoise relativement fortunée.

L’apparition au milieu du siècle du collodion humide permettant la production d’un négatif sur plaque de verre se révèle être une avancée déterminante pour la photographie en ouvrant l’ère du tirage multiple. Issus directement de cette évolution technique, apparaissent ensuite divers procédés mettant en œuvre des négatifs sur verre, sur papier voire sur métal. L’invention de la carte de visite mise au point par Disdéri en 1854 transforme fondamentalement la production du portrait photographique et génère l’ouverture de nombreux ateliers à partir de 1860. La diminution des coûts de production, les améliorations techniques, l’organisation de la fabrication, l’émergence d’une politique commerciale incisive vont être autant de facteurs qui assureront un succès indéniable à ce support jusqu’aux débuts du 20ème siècle. La photo-carte de visite devient un véritable phénomène de société, répondant aux besoins de reconnaissance sociale d’une petite et moyenne bourgeoisie portée par l’essor industriel.
De nombreux ateliers ouvrent entre 1870 et 1890 à Roanne, dont l’activité se concentre sur les portraits. Certains, comme La Grande Photographie Générale Dessendier, d’Emile Dessendier père, inventeur de procédés pour les tirages au charbon, et de ses deux fils Louis Dessendier et Jean Dessendier, ont une production importante et une organisation du travail quasi industrielle, employant plusieurs ouvriers.
Le succès touche l’ensemble de la population, les tarifs sont attractifs. Le portrait change de place : décroché du mur, il s’échange entre les membres de la famille ou les amis, et se collectionne dans des albums. Dès lors, les principales étapes de la vie se trouvent véritablement consignées comme autant de « rites de passage » sociaux : naissance, communion, service militaire, mariage, décès.
Les âges de la vie : l'enfanceLes âges de la vie : l'enfanceLes âges de la vie : la CommunionLes âges de la vie : le service militaireLes âges de la vie : le mariage

L’apparition d’appareils à main, remplaçant les chambres à soufflet sur pied, voit l’élan et le développement à la fin du 19ème siècle de la photographie amateur, qui reste tout de même l’apanage d’une classe aisée. Il faudra attendre les années 1930 pour constater une véritable vulgarisation de la pratique photographique avec le procédé au gélatino-bromure d’argent. Le portrait sort du studio et devient moins conventionnel, se pratique en famille, l’entourage sert alors de modèle et les portraits sont plutôt des tranches de vie, saisies au vol lors d’évènements familiaux et intimes. On a tout de même encore recours au professionnalisme du photographe en studio pour la photographie de circonstance, de cérémonie, activité courante par exemple du studio d’Antonin Vergiat ou pour des portraits plus travaillés.