Promenade en Rhône-Alpes à la fin du XIXe siècle : Des paysages contrastés Nouvelle fenêtre : site de Lectura
galerie galerie galerie galerie galerie galerie

Accueil > L'essor du tourisme en Haute-Savoie

L'essor du tourisme en Haute-Savoie

Annecy

L'essor du tourisme en Haute-Savoie

Le « grand tour » des jeunes gens bien nés de la fin de l’Ancien Régime ne passait guère par la Savoie. C’est au début du XIXe siècle que celle-ci devient à la mode : on y vient « prendre les eaux » ou pour « aller aux glacières ». Les infrastructures suivent, chemins de fer, gares, routes, hôtels… On publie les premiers guides et se développent les villes nouvelles de l’économie touristique (Annecy, Evian) et les cités des lacs et des grandes vallées intérieures (Thonon-les-Bains, Chamonix…).

séparation

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les jeunes gens de la haute société — particulièrement les Britanniques — effectuent le « grand tour », un voyage de plusieurs mois en Europe pour parfaire leur éducation. Ils parcourent ainsi l’Italie et la Suisse, séjournent à Genève, mais ne visitent que rarement la Savoie. Les prémices du tourisme sont visibles dès le début du XIXe siècle : la Savoie est à la mode, le voyageur peut y « prendre les eaux » dans ses stations thermales ou « aller aux glacières » découvrir ses magnifiques panoramas montagneux. Pourtant, l’équipement et l’accueil restent limités. Le rattachement de la Savoie à la France, en 1860, va constituer un point de départ décisif. La suppression de la frontière, et surtout la visite de Napoléon III aux « nouveaux départements » vont provoquer un afflux de voyageurs curieux de visiter la nouvelle province, et attirer l’attention des classes aisées vers les Savoie.

Sous l’impulsion de l’Empire et grâce au progrès technique, le chemin de fer connaît une révolution entre 1852 et 1870. Ce développement entraîne dans son sillage la croissance de l’économie touristique, puisque le rail permet à la fois le transport de voyageurs de plus en plus nombreux et l’accès aux vallées encaissées. En Savoie, la société du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) assure l’essentiel des services. La ligne Aix-les-Bains-Annecy-Genève permet la liaison avec la Suisse. Dès 1882, Evian profite de la voie ferrée pour attirer la haute société cosmopolite qui fréquente déjà Genève et Lausanne image(s) associée(s) au chapitre. Les compagnies se sont aussi engagées à construire de nouvelles lignes en complément des grands axes ; ainsi un chapelet de gares maille le territoire. Cluses est, par exemple, reliée au réseau en 1890.

Dans le même temps, les infrastructures routières s’améliorent : on aménage les routes existantes, on construit de nouvelles voies d’accès aux sites touristiques, notamment aux cols, qui permettent dès 1896 l’arrivée des premiers autocars alpins image(s) associée(s) au chapitre.

L’essor du réseau des transports entraîne une amélioration des conditions de séjour des « étrangers ». Aux abords des gares naissent des quartiers avec hôtels, restaurants, cafés ; les hôteliers améliorent le confort de leur maison et de nombreuses pensions se créent. Le modèle de l’auberge, simple refuge pour la nuit, s’efface au profit d’un établissement confortable. Chamonix reste une attraction majeure pour les voyageurs image(s) associée(s) au chapitre. Mais il se développe une villégiature de qualité ailleurs, notamment aux bords des lacs Léman image(s) associée(s) au chapitreet d’Annecy où hôtels et palaces fleurissent. L’accession des classes moyennes à la « villégiature » se traduit par une nouvelle demande. Au centre de territoires moins exposés, des villes comme Sallanches image(s) associée(s) au chapitre se dotent elles aussi d’hébergements, et des chalets-hôtels image(s) associée(s) au chapitre se construisent dans les villages de Morzine, Thônes ou Samoëns image(s) associée(s) au chapitre.

séparation

Progressivement, les responsables locaux prennent conscience de la nécessité de mieux satisfaire ces nouveaux résidents en aménageant l’accès aux sites les plus remarquables.

Si l’alpinisme fait de plus en plus d’adeptes, la découverte de la montagne attire aussi de nouveaux visiteurs. A Chamonix, la visite de la Mer de glace est très prisée image(s) associée(s) au chapitre. En 1892, la ville accueille 24 000 visiteurs. Les excursions sportives se développent, les touristes n’hésitent plus à gravir les sommets dont le Mont-Blanc ou plus modestement le Parmelan image(s) associée(s) au chapitre.

L’accès à la montagne est d’ailleurs facilité par l’apparition des premiers topo-guides et la mise en place de nouveaux services : navettes de voitures ou de tramways, train à crémaillère (au Salève) image(s) associée(s) au chapitre, observatoire météorologique — notamment celui construit au Semnoz par l’architecte Marius Vallin image(s) associée(s) au chapitre. Les sites les plus pittoresques sont mis en valeur. Les Gorges du Fier, site naturel exceptionnel, sont aménagées en 1869 image(s) associée(s) au chapitre. On y installe des galeries, qui permettent aux visiteurs de parcourir les gorges en toute sécurité. Quant aux Gorges du Pont du Diable, dans la vallée de la Dranse, c’est en 1892 qu’un menuisier obtient l’autorisation de construire un escalier de bois pour permettre leur visite. En parallèle, les premiers bateaux à vapeur facilitent la navigation sur les lacs image(s) associée(s) au chapitre. A Annecy, un service régulier permet aux voyageurs de découvrir les rives et de séjourner dans les hôtels du bord du lac.

Certains citadins sont avides de profiter de l’air vivifiant de la montagne et ils peuvent effectuer des « cures d’altitude ». De plus, sous le Second Empire, le thermalisme se développe et attire la bourgeoisie. La mode « d’aller aux eaux » constitue une chance pour les stations thermales de devenir un lieu de villégiature en vogue. Evian, Thonon, Saint-Gervais se veulent également résidences touristiques.

Ces stations touristiques ont compris la soif de divertissement de leurs visiteurs et l’ont rapidement adjointe à la fonction thérapeutique des thermes. A Evian, les « étrangers » se retrouvent dans des Cercles et profitent également du Casino ouvert, en 1877, dans un chalet à la sortie de la ville image(s) associée(s) au chapitre. En 1912, il emménage dans le château que le Baron de Blonay a légué à la ville. La vie mondaine trouve aussi son expression dans les bals, les concerts… La construction de nouveaux équipements, comme des théâtres, favorise l’organisation de manifestations. Les spectacles, les fêtes lacustres, les concerts des kiosques à musique, etc., animent la Savoie en cette fin de XIXe siècle image(s) associée(s) au chapitre.

séparation

Le désir de faire connaître et de promouvoir les nouveaux départements aux Français existe dès l’Annexion. Cette volonté va susciter l’édition d’ouvrages prestigieux image(s) associée(s) au chapitre. Initiée par le Préfet de la Haute-Savoie, la publication de l’Album de la Haute-Savoie avec un texte de Francis Wey, destiné à populariser les sites les plus pittoresques de la région et l’édition de Nice et Savoie vont attiser la curiosité des voyageurs image(s) associée(s) au chapitre.

On assiste à une prise de conscience des chances que le tourisme peut offrir à toute la région en hâtant l’équipement du pays, en y attirant des capitaux, en créant des emplois et donc en ralentissant l’émigration de la population. À Annecy, Camille Dunant, conseiller municipal, président de l’Académie florimontane et fondateur de la section locale du Club Alpin Français, a cette même volonté de promotion. Il est le premier à comprendre l’importance de la publicité. Il fait réaliser des affiches, des cartes ou des panoramas et pousse à faire de la « réclame » en affichant des gravures ou des photographies de la région dans les gares françaises, les grands hôtels et les revues touristiques.

Un Syndicat d’initiative se crée sous son impulsion en 1895 (le second en France après Grenoble), et va jouer un rôle déterminant dans la promotion du tourisme, notamment grâce à ses publications. Le premier livret-guide, en 1896, amorce une riche collection de publications annuelles et des dessinateurs importants sont sollicités pour illustrer les couvertures (Pilinski, Guéry, Comba…) image(s) associée(s) au chapitre.
Dès 1852, Jules Philippe avait fait paraître un guide pour les visiteurs de la Savoie, Annecy et ses environs ; il avait obtenu un grand succès et fut réédité plusieurs fois. En 1862, Adolphe Joanne publiait un guide exclusivement consacré à la Savoie image(s) associée(s) au chapitre. Puis, de nombreux petits guides vantent les attraits des régions savoyardes image(s) associée(s) au chapitre. À côté des grandes destinations que sont Annecy ou Chamonix, de petites localités comme Cluses ou Sallanches éditent des plaquettes touristiques image(s) associée(s) au chapitre. Un contenu officiel vante les attraits de la ville et des curiosités aux alentours auquel s’ajoute une foule de publicités payées par les hôtels et les commerces image(s) associée(s) au chapitre.

Les Savoie fraîchement rattachées à la France vivent pleinement les débuts du tourisme alpin. La richesse naturelle (montagnes dont le Mont-Blanc, lacs, eaux thermales) de cette région et son exceptionnel emplacement sont, au XIXe siècle, relayés par l’évolution des moyens techniques et des infrastructures. Consciente de son potentiel touristique, la Haute-Savoie structure la promotion de ses sites, développe largement les activités « récréatives » et magnifie, via la publicité et les guides touristiques, les atouts de la région.

image(s) associée(s) au chapitre(accédez à toutes les images de la galerie)

séparation
Haut de la page haut
image du pied de page de l'exposition