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Les 8000 arbres du pomologue, Alphonse Mas et les sociétés savantes de Bourg-en-Bresse

Bourg-en-Bresse

Les 8000 arbres du pomologue, Alphonse Mas et les sociétés savantes de Bourg-en-Bresse

Le « jardin d’expériences » de la Société d’horticulture de l’Ain animée par le botaniste Alphonse Mas à partir de 1851, participe de la boulimie de savoir et de pédagogie de la fin du XIXe siècle. En son cœur naît un atlas de pomologie qui, dans la suite des herbiers du siècle précédent, est très connu et admiré en Allemagne, en Belgique, voire en Amérique, et qui joint les qualités esthétiques à celles de l’érudition.

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Aujourd’hui dans une recherche sur Internet à « sociétés savantes » on obtient environ 2 300 000 réponses !

On peut s’étonner que ces sociétés aux noms un peu vieillots perdurent encore aujourd’hui mais leurs objectifs et leur fonctionnement sont toujours modernes, ce sont ceux de nos associations actuelles : statuts, cotisations, règlements, réunions régulières, membres associés, publications de travaux, bulletins périodiques, cours et conférences, constitution de bibliothèques et d’archives, relations avec d’autres sociétés, organisation de rencontres, d’expositions, de concours… Elles sont à l’origine du développement de la vie scientifique au niveau national et souvent international depuis le XIXe siècle. Parmi ces sociétés de « savants », la Société d’Emulation de l’Ain, fondée en 1755 par l’astronome Jérôme Lalande puis refondée par Thomas Riboud, est déjà reconnue d’utilité publique en 1829. Elle apparaît dès la première page dans une recherche sur le net à « société d’émulation ».

Au milieu du XIXe siècle les « savants » se séparent, littéraires d’un côté, scientifiques de l’autre. Les membres des sociétés savantes se spécialisent : histoire, archéologie, topographie, physique, chimie, météorologie, botanique et surtout … agriculture ! Dans l’Ain, la Société d’Emulation avait ajouté à son titre « et d’agriculture » dès 1790. Elle édite Le Journal d’agriculture et des arts, puis Le journal d’agriculture, sciences, lettres et arts, de 1808 à 1868. Ses adhérents se passionnent pour l’agronomie et les expériences en agriculture. Leur objectif principal est « activer l’industrie du sol », ils croient à l’idée de progrès lié à une exploitation scientifique de la nature
image(s) associée(s) au chapitre(image : Portrait d'Alphonse Mas).

C’est dans ce contexte très dynamique qu’Alphonse Mas s’installe à Bourg en 1843 où il est très bien accueilli par l’élite locale. 
Devenu membre de la Société d’Emulation en 1846, il va mettre toute son énergie et ses connaissances en botanique au service de l’horticulture et de l’arboriculture. En 1851 il fonde la Société d’horticulture de l’Ain et dans son « jardin d’expériences » chacun peut recevoir des conseils, mais aussi des greffons d’arbres fruitiers rares image(s) associée(s) au chapitre(images : Les chromolithographies du verger) !

Alphonse Mas, son ami Laherard et d’autres amateurs publient des articles, donnent des cours d’arboriculture théorique et pratique et se lancent dans une véritable croisade contre la routine et l’ignorance. Leurs expositions horticoles seront à l’origine des comices agricoles de l’Ain, instruments efficaces de révolution et de développement des campagnes.

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En 1863 dans l’Annuaire de la société d’horticulture pratique de l’Ain on peut compter plus de 300 adhérents et découvrir que presque 800 arbres fruitiers sont déjà plantés dans le « jardin d’expériences », sans compter les pieds de vigne, les rosiers ou les arbustes d’agréments.

La dénomination et la classification des arbres fruitiers étant alors assez confuses, Alphonse Mas s’engage dans un long travail d’observations, d’expériences et de catalogage qui aboutit à des publications pour « érudits spécialistes des fruits » : les pomologues.
Le Verger en 8 volumes (1865 -1873), le Vignoble en 4 volumes (1874 -1878) sont tous deux luxueusement illustrés par les premières reproductions en couleur, les chromolithographies. La Pomologie générale en 12 volumes (1872 -1884) est plus sobrement illustrée de dessins au trait image(s) associée(s) au chapitre(images : Les editions du pomologue).

La Médiathèque E. & R. Vailland possède ces 3 ouvrages mais également les 796 aquarelles originales utilisées comme modèles par les chromolithographes du Verger. Essentiellement réalisées par Bernard Peingeon (1819 –1873), peintre et professeur de dessin puis conservateur au musée de la ville, les planches de fruits sont non seulement un inventaire botanique très réaliste mais de remarquables aquarelles aux nuances subtiles image(s) associée(s) au chapitre(images : Les aquarelles de Bernard Peingeon).

Alphonse Mas fut le premier président de la Société pomologique de France créée à son initiative en 1872. La réputation du pomologue est alors internationale, sans doute grâce aux travaux accomplis pendant 30 ans dans son « jardin d’expériences ». Dès sa parution le Verger est célèbre en France, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre et jusqu’aux Etats–Unis.

À Bourg, Alphonse Mas a planté de superbes séquoias dont deux sont toujours là, l’un dans le parc de la Banque de France et l’autre rue de la citadelle dans le quartier du « jardin d’expériences » où sont aujourd’hui les serres de la ville. Dans ce jardin, il aura expérimenté, étiqueté et catalogué 8000 pieds d’arbres du monde entier sous toutes les formes : espalier, plein vent, pyramide, fuseau …

Aujourd’hui de nombreuses associations d’amateurs passionnés continuent ce travail de découverte et surtout de protection des variétés de fruits. Comme Alphonse Mas, les pomologues du XXIe siècle n’ont pas d’objectifs commerciaux ou de mission officielle mais leur rôle est capital pour la sauvegarde et la variété des fruits.

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