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Geoffray ou l’inventaire urbain d’une ville en transformation : Roanne

Roanne

Geoffray ou l’inventaire urbain d’une ville en transformation : Roanne

Les techniques de la lithographie ont précédé l’appareil photographique dans ce qui est un essai d’inventaire urbain : tantôt avec un pas en avant, tantôt avec un pas en arrière. Dans une ville, Roanne, qui se développe autour des années 1860, c’est un fils de confiseur devenu avocat qui tient l’appareil pour restituer, au long des années, les transformations de la cité.

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La photographie accompagne la mutation que connaissent les villes dans la seconde moitié du XIXè siècle. Son caractère sériel, sa restitution du réel en font un instrument privilégié de l’inventaire urbain, immortalisant à la fois les quartiers amenés à disparaître ou à se transformer sous la pression d’un essor démographique important, ou fixant les nouvelles réalisations publiques, signes d’une récente expansion.

Roanne connaît au cours de ce siècle une croissance industrielle importante, due au développement de l’industrie textile. Vers 1860, l’industrie du coton est en pleine expansion : 44 fabriques font travailler 4 000 ouvriers, Roanne approche les 20 000 habitants. De nouveaux quartiers se développent, l’extension de faubourgs répond à l’arrivée massive de main-d’œuvre. Trois nouvelles paroisses sont créées. Le développement du chemin de fer collabore à cet essor économique : la ligne de Saint-Étienne passe la Loire et aboutit à la gare inaugurée en 1859, autour de laquelle les marais vont être assainis pour de nouveaux quartiers, le raccordement du canal à la voie ferrée est effectif en 1863, la liaison vers Lyon est ouverte en 1866. Le paysage urbain change. L’usine présente dans la ville, modeste « fabrique de cotonne » au milieu du siècle, va laisser la place à des constructions modernes aux hautes cheminées de briques, symbole d’une industrie triomphante. La poussée industrielle s’accélère surtout après 1870, avec l’implantation des tissages mécaniques ; la population connaît alors un accroissement annuel de plus de 4% jusqu’en 1890. La ville se dote pendant cette période d’édifices prestigieux nécessaires à toute cité en pleine croissance : un Hôtel de Ville (projet lancé en 1860 et achevé en 1874) pour l’administration, des banques et une Chambre de commerce pour l’industrie, un théâtre pour les loisirs (1885) et des églises plus spacieuses dans les nouvelles paroisses.

Le travail photographique mené par Stéphane Geoffray dans les années 1860 aborde une ville à l’aube de sa transformation, s’attachant à ne rien écarter, à consigner la ville de façon systématique dans son bâti. Il livre un regard au fil des rues, conscient sans doute d’une évolution en marche, inéluctable image(s) associée(s) au chapitre(voir le travail photographique de Stéphane Geoffray).

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La « mission héliographique » de Stéphane Geoffray (1827-après 1895)

Le 17 avril 1827 naît Stéphane Geoffray, fils d’Antoine Geoffray, confiseur à Roanne. De ses années d’apprentissage, nous ne savons rien. Il sera avocat à Roanne et banquier à Charlieu. Il est le type même de ces érudits du XIXe siècle passionnés d’histoire de l’art et d’histoire locale donc d’archéologie, de sigillographie et d’héraldique. Il est chimiste à ses heures et s’intéresse à la photographie qui permet d’inventorier et de porter témoignage. Vraisemblablement autodidacte, il est passionné par les travaux de Gustave Le Gray, inventeur du procédé sur papier ciré mis au point en 1850. Dès 1852, Geoffray étudie l’un des constituants de la cire, la céroléine, qui a la propriété de rendre le papier particulièrement translucide : ce seront ses premiers essais en photographie.

La monumentale édition lithographique des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France du baron Taylor et de Charles Nodier publiée de 1821 à 1878 permit la prise de conscience de la nécessité de préserver le patrimoine architectural français.
La Commission des Monuments historiques est créée en 1837 au Ministère de l’Intérieur. Prosper Mérimée, son directeur, décide de dresser un inventaire de la France monumentale privilégiant le nouveau médium : la photographie. En 1851, la Société héliographique voit le jour. Elle confie à Gustave Le Gray, Mestral, Edouard Baldus, Hippolyte Bayard et Henri Le Secq la mission de photographier tous les édifices d’une certaine importance historique. La Lumière, dont le 1er numéro paraît le 9 février 1851, se fait l’écho de cette « mission héliographique ».

Vers 1865-1867, Geoffray entreprend de photographier la ville de Roanne, après Charlieu et Vougy. L’ombre de la mission héliographique, à laquelle son ami Le Gray participe, plane sur son travail. Son intention est résolument documentaire : tous les monuments, toutes les rues de Roanne seront systématiquement photographiés. Au sommet de la tour de l’Eglise Saint-Étienne, il installe son matériel pour photographier la ville « vue des toits ».  Puis il inventorie toutes les rues, quartier par quartier.
Geoffray réalise des calotypes, négatifs sur papier, ou des collodions, négatifs sur plaques de verre. Mais son emploi du temps chargé ne lui permet pas d’en faire des images positives. On ne peut identifier l’auteur de ces tirages positifs sur papier albuminé réalisés vers 1870. L’ensemble du corpus conservé à la Médiathèque de Roanne ne compte pas moins de 33 tirages sur Vougy, 741 sur Charlieu et 758 sur Roanne. S’ils ne sont pas toujours d’excellente qualité, ils offrent néanmoins un témoignage exceptionnel de ces villes qui bientôt se transformeront pour les besoins liés à l’essor industriel du Second Empire.

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