Promenade en Rhône-Alpes à la fin du XIXe siècle : Des paysages contrastés Nouvelle fenêtre : site de Lectura
galerie galerie galerie galerie galerie galerie

Accueil > Houillères, paysages miniers et mineurs de Saint-Étienne

Houillères, paysages miniers et mineurs de Saint-Étienne : le regard de Félix Thiollier

Saint-Étienne

Houillères, paysages miniers et mineurs de Saint-Étienne : le regard de Félix Thiollier

Figure a priori singulière que ce fils de rubanier stéphanois qui opte pour la bohème artistique et se fait le peintre de la condition minière à Saint-Étienne. Avant ce qui deviendra l’archéologie industrielle un siècle plus tard, et après s’être fait l’éditeur d’un Forez pittoresque et monumental...


séparation

Félix Thiollier (1842-1914), issu de bonne bourgeoisie stéphanoise abandonne fortune faite son affaire de rubanerie pour se consacrer à l’art et à l’archéologie : à compter de 1880, il devient un pilier de la vie culturelle forézienne. Ami des peintres Janmot, Puvis de Chavannes, Ducaruge, Jean-Paul Laurens, il cultive lui-même l’art de la « photographie-tableau », selon l’expression de son mentor, Auguste Ravier, le peintre de Morestel. L’œuvre de Thiollier privilégie l’ombre et la lumière, qu’il photographie le Forez des étangs ou les houillères stéphanoises. On peut la rattacher à l’école de Barbizon. Il est enfin l’auteur et l’éditeur, en 1889, du Forez pittoresque et monumental, vagabondage archéologique et romantique, semblable dans son esprit aux Voyages pittoresques de Taylor et Nodier.

Si l’on considère le contenu des photographies minières ou des gravures issues de ces photographies, c’est le point de vue de l’historien de l’industrialisation qu’il faut adopter. Ce sont en effet des édifices et des pratiques de la première révolution industrielle qui sont représentés : chevalements de bois, balances sèches, terrains blessés des carrières de remblais, grappilleurs de charbon… Autant de tableaux qui témoignent de la houillère des années 1830 à 1850, avant qu’une nouvelle génération d’installations, souvent métalliques et davantage ordonnées ne vienne prendre la relève entre 1890 et 1910, annonçant les grandes exploitations mécanisées et taylorisées de la seconde industrialisation. Ces bâtiments industriels depuis longtemps disparus témoignent de l’époque où le bassin de la Loire produisait malgré des installations primitives la plus grande partie du charbon français.

Une attention toute particulière doit être apportée à l’habitat ouvrier : les mineurs de la révolution industrielle, qui sont pour beaucoup des paysans ouvriers saisonniers, habitent la ville où ils occupent les taudis de Polignais et du Soleil. La caserne ouvrière, suivant la terminologie de l’époque, ou le coron, ne sont pas l’habitude dans la Loire : la colonie industrielle est inconnue jusqu’en 1874 lorsque la compagnie de Roche-la-Molière et Firminy construit à la Côte-Durieux un coron de type nordiste qui restera l’exception jusqu’aux années 1910. Les cités minières que les compagnies vont construire alors en grand nombre au Soleil, à Chavassieux, à Roche et à Firminy surtout, rompent avec l’entassement dans les masures vétustes saisi par Thiollier : les mineurs à la Belle époque, davantage encore après la guerre, deviennent une population stable, produisant un travail régulier, de moins en moins soumis aux variations saisonnières de la demande de houille. Aux chevalements d’acier et aux exploitations mécanisées correspond une main-d’œuvre nouvelle.

image(s) associée(s) au chapitre(accédez à toutes les images de la galerie)

séparation
Haut de la page haut
image du pied de page de l'exposition