L’humour dans les Alpes

Les Alpes, lieu de villégiature dès le XX^e siècle, permettent aux romanciers de situer leur personnage dans un cadre inhabituel et sublime de haute-montagne. Il en est ainsi des plus emblématiques comme le Mont-Blanc et la Mer de glace. Mais parfois ces lieux, en décalage complet avec leur majesté, deviennent le cadre de situations cocasses, exploitées par certains auteurs dotés d’une bonne dose d’humour !

Eugène Labiche, par exemple, envoie M. Perrichon, carrossier aisé et retiré des affaires, sa femme et sa fille en voyage à la Mer de glace, dans la comédie Le voyage de Monsieur Perrichon, jouée pour la première fois en septembre 1860. L’auteur se moque, à travers un homme vaniteux, de la bourgeoisie parisienne à la recherche de sensations fortes sur les glaciers de Chamonix. M. Perrichon ignore tout de la région qu’il visite : l’action se déroule en 1860 et il place le Mont-Blanc à l’étranger, comprend mère de glace au lieu de Mer de glace…

Alphonse Daudet, quant à lui, envoie Tartarin sur les Alpes. Après une nuit dans un grand hôtel pour voir le lever du soleil sur le Righi-Kulm, Tartarin escalade le Jungfrau, puis se rend à Chamonix pour gravir le Mont-Blanc. Alphonse Daudet ridiculise les voyageurs à travers son personnage. Les descriptions du harnachement de l’alpiniste sont très critiques et il brosse un tableau féroce de la bonne société en voyage. Il va plus loin et se moque de l’économie touristique, notamment en Suisse.

Dès 1931, Samivel, de son vrai nom Paul Gayet-Tancrède (1907-1992) fustige sur le mode humoristique, dans son album Sur les planches, les méfaits du tourisme de masse et sans âme sur les montagnes. Ce combat, il le mènera inlassablement, fasciné par les merveilles de la nature et soucieux de sa préservation contre le tourisme de masse. Il est considéré comme l’un des pères du Parc de la Vanoise dont il signe les dix commandements et l’affiche.