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Un homme politique dans sa cité et contre le chemin de fer

Accéder à la galerie d'images Son intérêt pour sa région, les montagnes et les glaciers, manifeste sa passion pour les sciences naturelles, et exprime tout autant le souci des Chamoniards (plus particulièrement des guides) de se protéger « des étrangers », de préserver leur identité locale. C’est dans cet esprit qu’il est à plusieurs reprises conseiller municipal et obtient deux mandats de maire : le premier de 1863 à 1864, pendant lequel il aura à cœur d’apporter son soutien à Chamonix devenue officiellement française ; et le second mandat de 1881 à 1882 où il s’investira pour améliorer le cadre de vie de ses concitoyens.

Il achève sa carrière politique en obtenant un siège de conseiller d’arrondissement de la Haute-Savoie, de 1892 à 1898. Peu après son élection, le 25 juillet 1892, des financiers suisses et français déposent un projet de chemin de fer reliant Chamonix au Montenvers, promontoire dominant la Mer de Glace Voir les images se rapportant à ce passage. Au XIXe siècle, la construction de chemins de fer se développe considérablement grâce aux nouveaux moyens mécaniques. Or, un des principaux buts des touristes arrivant à Chamonix est d’aller à la Mer de Glace. Il semble donc intéressant aux financiers de créer cette nouvelle voie d’accès. Mais un important mouvement de protestation ralentit leur entreprise.
Cette course est le principal itinéraire touristique de la vallée, et par là même une des courses les plus rentables. Les caravanes s’y succèdent ; la visite au Montenvers est l’attraction la plus populaire. Les guides, les muletiers (loueurs de mulets pour les touristes ne souhaitant pas marcher), les porteurs et les élus des communes de Chamonix, Vallorcine et Servoz protestent vivement Voir les images se rapportant à ce passage. Tous craignent la perte de leur travail et de leurs revenus liés au tourisme. Venance Payot fait partie des opposants les plus virulents au projet. Sous son impulsion, un livret de contestations Chemin de fer d’intérêt local de Chamonix au Montenvers : protestations est édité en 1893 à Annecy, chez J. Dépollier, dans lequel il dénonce un « attentat au pittoresque » : Voir les images se rapportant à ce passage

« Il [le chemin de fer] est considéré comme un vrai fléau, et au lieu de rendre service, il serait nuisible à tous les intérêts, même à ceux des étrangers qui cherchent le pittoresque ».

Malgré la condamnation publique du projet, le département et la préfecture sont séduits et déclarent le chemin de fer d’utilité publique le 6 août 1897. La voie est inaugurée en 1908.