Venance Payot, un homme d’affaires ?

Accéder à la galerie d'images Si Venance Payot défend avec passion les montagnes de Savoie, il n’en oublie pas pour autant d’en faire connaître la beauté aux touristes. Il fait partie du conseil d’administration des guides en tant que président en 1863. Ce conseil a notamment eu le projet de créer et de publier un Album de la Haute-Savoie « destiné à faire connaître de plus en plus [ce] pays et ses beautés naturelles ». Venance défend ce dessein, car il pense qu’il faut donner aux touristes arrivant en masse à Chamonix une documentation adaptée.
Mais il faut sans doute envisager, dans ce souhait de promouvoir la beauté des paysages de la vallée de Chamonix, un procédé détourné pour bénéficier de la manne financière des nombreux touristes. En effet, Venance Payot publie de petits ouvrages dans lesquels il recense toutes les plantes de la région et les lieux où il est possible de les contempler. Bien que ces petits livres s’appuient sur une étude scientifique poussée, ils sont aussi mis à disposition des visiteurs qui souhaitent approfondir leurs connaissances. Venance Payot les dépose à la vente, directement dans les hôtels de Chamonix. Il encourage fortement leur achat et n’hésite pas à enfreindre les lois. Ainsi, il refuse de retirer de la vente son Guide itinéraire du Mont-Blanc (1869) , et ce, malgré l’instruction du préfet qui l’y oblige. En effet, il n’a ni acquitté les droits liés aux éditions étrangères, ni déposé d’exemplaire au dépôt légal et enfin une « inconvenante réclame » est imprimée sur la couverture :

« On trouve tous les guides et cartes routières à l’usage des voyageurs et touristes et toute la collection de brochures qui sont interdites en France sous le Second Empire. (N’oublions pas d’aller en acheter !) ».

Venance Payot est pressé par le commissaire de retirer de la vente ses ouvrages, ce qu’il finit par faire après plusieurs rappels à l’ordre.
Le commerce de ses ouvrages n’est pas le seul revenu de Venance Payot. Il réalise des herbiers, dans lesquels les spécimens sont soigneusement placés sur des vélins et accompagnés d’étiquettes avec l’indication du lieu où la plante a été cueillie. Quant aux cristaux qu’il ramasse, il les classe dans de petits coffrets, et vend ces échantillons aux touristes . Ainsi, il a l’idée de remplacer son cabinet naturaliste où sont présentés des échantillons des « trois règnes : animal, végétal et minéral » par une boutique de souvenirs, nommée « Au cristal de roches ». Installé Place de l'Eglise, Payot vend des plantes, des cristaux de roches, des champignons, etc., aux touristes . Ses produits proviennent parfois de ses propres excursions, mais sont le plus souvent sous-traités. Ses catalogues minéralogiques et botaniques lui permettent également de réaliser des ventes par correspondance.

Durant sa vie, Venance Payot a donc exercé divers métiers : guide, puis naturaliste reconnu, homme politique et enfin commerçant. Si toutes ces activités révèlent son caractère éclectique ainsi que son aptitude à tirer profit du monde qui l’entoure, il faut souligner qu’elles ont toutes un lien avec la faune, la flore et la minéralogie de la vallée du Mont-Blanc. L’étude des sciences naturelles est en effet sa principale passion. Une passion qui va le mener à concevoir une belle collection naturaliste.

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