Une finalité : la recherche

Accéder à la galerie d'images Venance Payot a créé une collection savante, c’est-à-dire un ensemble formé pour la recherche et non pour la contemplation passive. Echantillons d’espèces, livres de référence, dictionnaires, études détaillées avec des illustrations pour faciliter l’identification sur le terrain : ils servent tous la recherche.
L’intérêt de Venance Payot s’est largement porté sur la minéralogie . Et les cristaux qu’il ramasse autour de Chamonix ont une forte résonance avec les ouvrages de référence sur les minéraux présents dans sa bibliothèque (Charles Haüy, Traité de minéralogie ou James D. Dana, A system of mineralogy). Cette réflexion se complète par les études des scientifiques locaux, les rapports d’ingénieurs de la Compagnie générale des carrières (1874) ou ses propres recherches, telles que Statistique minéralogique et pétrographique des roches de la chaîne du Mont-Blanc et des montagnes environnantes (1895). Cet ensemble cohérent fonde sa démarche scientifique.
Venance Payot considère sa bibliothèque comme un outil de travail ; il n’hésite pas à faire des ajouts aux textes originels et à noter des inscriptions pour alimenter ses propres travaux.
Le livre, objet désacralisé, s’adapte donc aux recherches du naturaliste . Tel est le cas de l’ouvrage de W. Ph. Schimper Synopsis muscorum europaeorum (1860). Il le complète en listant des variétés de mousses et en indiquant le mois et l’habitat où elles sont visibles. Il enrichit également la table alphabétique des Musci Galliae herbier des mousses de France de Tranquille Husnot (1873) . Ainsi, l’objet-livre comme la collecte ont pour seule fonction la connaissance.

Cette conception d’une collection de recherche s’inscrit dans le contexte d’effervescence scientifique qui touche le XIXe siècle. Cristaux et plantes ne sont plus considérés comme des objets prestigieux ou des « curiosités » mais prennent le statut d’objets d’étude scientifique . Venance Payot ouvre donc sa collection scientifique, en particulier son herbier, aux chercheurs puisqu’il la conçoit comme très intéressante.
Dans ce contexte, des sciences telles que la botanique, la zoologie et la géologie prennent leur essor et apparaît la figure du naturaliste, dont Venance Payot est un représentant.
Parallèlement, l’ensemble réuni par ce naturaliste chamoniard est considéré aujourd’hui comme « savant » parce qu’il contient de très nombreuses études scientifiques. De nombreux livres déjà cités sont des recherches qui ont marqué et fait progresser les connaissances scientifiques.
Enfin, sa bibliothèque contient de nombreux textes relatifs à la région savoyarde. Il est tout aussi possible de suivre le Résumé de quelques herborisations dans l’arrondissement de Thonon et dans le canton de la Roche présenté par l’abbé Puget devant la société botanique de France en 1863 lors de sa séance tenue à l’hospice du Mont-Cenis que d’examiner les Observations sur la position relative des terrains des Alpes suisses occidentales et des Alpes de la Savoie d’A. Favre, extraites du Bulletin de la société géologique de France de 1847 . Ces savants régionaux forment une communauté où les échanges rythment leurs études. Certains livres possédés par Venance Payot portent la dédicace de leur auteur.
La multitude de ces « petites » études, qui sont le plus souvent composées de quelques feuillets, donne un aperçu des travaux menés dans la région ainsi qu’une précision supplémentaire sur les centres d’intérêts de Venance Payot, observations et recherches qui alimentent les réflexions d’un véritable réseau de scientifiques.

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