Dans le cabinet de Pierre Adamoli

En juin 1769, le Lyonnais Pierre Adamoli disparaissait en laissant une remarquable bibliothèque et une vaste collection de curiosités naturelles et archéologiques. Il avait consacré l’essentiel de son existence et de ses ressources à la constitution de ces collections, fréquentant les ventes publiques, et sollicitant divers fournisseurs : libraires, autres collectionneurs et bibliophiles, négociants dont il mettait les voyages à profit pour se procurer des pièces rares et difficilement accessibles sur le marché lyonnais.

Pierre Adamoli témoigne surtout d’une conception exigeante de la collection. Il sélectionne, organise et décrit méthodiquement les œuvres et objets acquis, il mesure leur rareté, et multiplie les hypothèses d’identification des pièces les plus curieuses. Il manifeste une même attention au lointain et au proche, à l’universel et au local ; sensible aux questionnements intellectuels et savants qui traversent l’Europe des Lumières, il se penche aussi sur l’histoire de la ville et sur son écosystème naturel, et prend l’initiative de travaux pionniers sur l’histoire du livre lyonnais. Les archives exceptionnelles qu’il a laissées permettent d’entrer dans l’intimité du collectionneur ; elles sont des sources décisives pour comprendre les ambitions et les enjeux d’une pratique qui, aux confins de la science, du plaisir et de l’art, contribue alors à "l’invention du patrimoine".