La presse satirique en France
L'héritage de la satire s'est construit dans les milieux littéraires. Une satura en latin désigne un mélange, faisant référence à ces pièces de théâtre antiques (du 3e siècle avant J.C. au 5e siècle après J.C.) mêlant vers et proses, dont le sujet principal était la société et ses mœurs. De là, la presse humoristique et satirique a fait de ce ton mordant, piquant et parfois même dérangeant son fer de lance, quitte à accumuler les procès en tous genres.
Les objectifs sont doubles : provoquer le rire chez le lecteur, et moquer les grands de ce monde, les mœurs de la société, ainsi que les grands journaux appartenant, dit-on, à "la grande presse", souvent modérée, écrite par et pour les notables de l'époque. Les messages satiriques passent le plus souvent par des critiques virulentes et souvent subtiles :
- des jeux de mot, charades, rébus
- des historiettes au caractère décalé
- des chansons et poèmes, dont le sens reste obscur pour certains
- des caricatures sous forme textuelle, mais surtout illustrée, devenant ainsi le support privilégié. L'on voit alors se multiplier la pratique des lithographies (gravures sur pierre) dans les journaux de l'époque.
La Savoie, friande de satire
- Le Chat. Journal du dimanche puis Le Chat des Alpes (nouvel onglet), sera le premier journal satirique des États sardes, et le premier également à insérer une lithographie dans chacun de ses numéros. Le numéro 1 sortira le 20 août 1848. Cette parution fera écho au contexte politique puisque le Piémont obtiendra, par son roi Charles-Albert, un statut constitutionnel en mars 1848. Des élections transformeront donc le paysage politique en implantant une nouvelle classe, plus démocrate et libérale. Le Chat permettra de contredire les élites savoyardes trop traditionnelles, et donnera un nouveau souffle pro-français aux États. Le journal se démarquera alors, en critiquant plusieurs événements, comme la guerre menée aux troupes autrichiennes.
- Dans son sillage, L'Abeille Savoisienne (nouvel onglet), sous l'apparente volonté de ne parler que de littérature, de beaux-arts et d'industrie, se pliera également au jeu des critiques des périodiques plus classiques. Ses piqûres seront aussi aiguisées que les coups de griffes de son compatriote félin.
- La Mouche (nouvel onglet) prendra le relais de l'Abeille, déchue par disgrâce et procès. Son public visé sera surtout les femmes : "notre feuille s'adresse plus particulièrement à une classe de lecteurs que la politique touche peu, et que nos confrères ont beaucoup trop négligée jusqu'ici." (consultez l'article cité - nouvel onglet). Mode, secrets de beauté, causeries, beaux-arts, autant de sujets permettant l'allégorie et la critique insidieuse de la société.
- Le Carillon (nouvel onglet), jouera une musique quelque peu conservatrice, mais emploiera comme ses confrères les mêmes mécanismes satiriques.
- L'Arrosoir arrosant Chambéry à l'improviste (nouvel onglet), quant à lui, apportera abondamment de l'eau au moulin des satires. Joyeux, léger, virevoltant et acerbe, il usera à l'infini des allégories, bons mots, charades politiques et lithographies caricaturales.
- Le Parterre (nouvel onglet), quelques mois d'existence seulement (novembre 1884 - mars 1885) auront permis, avec humour, de rendre compte de l'actualité théâtrale de la ville. "Avec son Arrosoir et son Parterre, Chambéry sera bientôt comme un bouquet de fleurs." (consultez l'article cité - nouvel onglet).
Une liberté de la presse fragile
Quelques textes officiels fondamentaux pour aller plus loin
- L'article 11 de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (nouvel onglet) dispose : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi."
- La loi du 29 juillet 1881 parue dans le journal officiel du 30 juillet, à retrouver sur Gallica (nouvel onglet)
- L'article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948 (nouvel onglet) dispose : "Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit."