Qu’est-ce que la météorologie ?

Une discussion dans un ascenseur, un sujet d'étude, une excuse pour sortir (ou rester cloîtré), la météo fait parler d'elle probablement depuis le commencement de la vie sur Terre.  Pourtant, qu'elle soit mêlée à l'astrologie, l'astronomie, la géologie, la science de la météorologie n'a pas toujours eu la place qu'on lui connaît, chaque soir, au journal de 20h. Après un petit tour dans les archives de Lectura Plus, on découvre que l'apparition d'une section "météo" dans les journaux n'est pas si ancienne qu'on pourrait le penser.
 

Souris des villes, souris des champs


Selon l'encyclopédie Universalis, la météorologie, du grec meteora et logos, dont l’association signifie « science des choses suspendues en l’air », a pour objet l'étude de l’atmosphère et des phénomènes qui s’y produisent tels les nuages, les précipitations, la foudre ou les tempêtes.  Parmi les journaux d'Auvergne Rhône-Alpes, il existe des différences entre les zones urbaines et rurales, comme l'illustre l'extrait d'un article du Petit Dauphinois (Chambéry, 6 avril 1924, nouvel onglet).

Création de La Pluie, Lectura +
Création de La Pluie, Lectura +
Publicité, L'Auvergne Socialiste, 26 juin 1937, p. 3
Publicité, L'Auvergne Socialiste, 26 juin 1937, p. 3
" Pourquoi pleut-il ?… Pourquoi ne pleut-il pas ?… Pourquoi fait-il si chaud ?… Pourquoi fait-il si froid ?...Le beau temps va-t-il durer ?… Le mauvais temps va-t-il changer ? [...]

La question du temps qu’il fera est, en effet, de celles qui préoccupent le plus l’esprit humain. Sur ce point, l’homme des villes est généralement moins bien renseigné que l’homme des champs, car le premier ne peut s’adresser qu’à la science, tandis que le second a toute la nature pour l’éclairer. 

Le campagnard intelligent tire des déductions de tous les faits qui se passent sous ses yeux. Voit-il le chat se laver et passer à plusieurs reprises sa patte par delà son oreille, il en conclut que la pluie est proche ; voit-il les moutons folâtrer et lutter les uns contre les autres, il s’attend également au mauvais temps. Le bœuf et le cheval étendent-ils le cou en reniflant avec force, c’est qu’il y a de l’orage dans l’air. "

L'efficacité de ces trucs et astuces reste à prouver mais cet article illustre bien la différente réception qu'a pu avoir la météorologie en ville et à la campagne. La connaissance des signes que la nature nous envoie en prévision d'un orage ou d'un été fécond est souvent plus répandue chez celles et ceux qui travaillent la terre et sont nettement plus dépendant du temps. 
 

Genèse d'une science

Concernant l'évolution de la météorologie, l'article du Petit Dauphinois poursuit :

"La météorologie est une science encore dans l’enfance. Elle tâtonne pour le moment. Dans quelques siècles peut-être aura-t-elle définitivement fixé ses lois, et nos lointains descendants sauront-ils sûrement, lorsqu’ils auront à sortir, s’ils doivent prendre leur canne ou leur parapluie. Songez qu’il y a soixante-dix ans, le système d’informations météorologiques sur lequel nos savants basent leurs observations n’existait pas encore. Ce fut l’illustre Le Verrier qui le créa."
Qui est ce Le Verrier dont l'article fait mention ? Selon l'encyclopédie Universalis, Urbain Jean-Joseph Le Verrier est une des plus importantes figures de la mécanique céleste au XIXe siècle.  Né en 1811 à Saint-Lô, on lui doit la découverte de la planète Neptune, et en tant que directeur de l'Observatoire de Paris il créa un service de diffusion de l'heure exacte (il ne s'agissait pas encore d'horloge parlante !) et un service d'observations météorologiques permanentes. 

Peu à peu, les journaux se mettent à inclure une section "météo" dans leurs pages, en témoigne l'article "Une mesure à prendre" du Patriote Savoisien, datant du 21 avril 1876 (nouvel onglet):

"Divers journaux de Paris publient, depuis quelque temps, un bulletin météorologique, communiqué par l’Observatoire, indiquant l’état du ciel, de la mer, la direction et la force du vent et les diverses hauteurs barométriques, sur les points principaux de l’Europe. Pour rendre ces indications plus claires, l’Opinion nationale publie même chaque jour une carte de l’Europe, où elles sont figurées par divers signes et par des lignes isobares, vraiment très intéressantes à suivre."

Cependant, le journal de Savoie déplore que les informations données arrivent trop tard :

"Quel intérêt, par exemple, les habitants de la Savoie n’auraient-ils pas, dans bien des cas, à apprendre par les journaux de Chambéry, à 4 heures du soir, que, le jour même, à 7 heures du matin, une forte dépression barométrique était signalée à Paris, venant de l’Atlantique, se dirigeant du Nord-Ouest au Sud-Est, et entraînant une pluie abondante et un abaissement marqué de la température ?"

L'article souligne qu'il serait facile pour l'Observatoire de transmettre ces informations télégraphiquement à tous les chefs lieux de départements où les journaux pourraient en prendre connaissance, puis les publier et informer ainsi les cultivateurs.

 

Une invention n'arrive jamais seule


De plus amples recherches sur l'histoire de la météorologie nous indiquent que cette science remonte bien avant le XIXe siècle et qu'elle s'accompagne de progrès scientifiques tels que l'invention du baromètre, du thermomètre et autres outils utiles à l'étude scientifique de l'atmosphère.

En effet, selon le site de Météo France (nouvel onglet), la "préhistoire" de la météorologie remonte à l'Antiquité, vers 340 avant J.-C., Aristote publiait ses Météorologiques. L’idée de mesurer la température avait donc déjà germée quelques siècles avant J.-C., avant d'être reprise à la fin du XVIe siècle, mais toutes les tentatives avaient abouti à des instruments dont les indications variaient fortement avec la pression. 

En 1804, l'exploration verticale de l'atmosphère se développe à l'aide des montgolfières. Lors de la première ascension scientifique en ballon, organisée par l'Académie des sciences, Jean-Baptiste Biot (1774-1862) et Louis Gay-Lussac (1778-1850) effectuent des mesures de pression et de température jusqu'à 4 000 m d'altitude.
Biot et Gay-Lussac exécutant des expériences à l'altitude de 4 000 mètres le 20 septembre 1804. Extrait de "La Nature" 1874, p. 328
Biot et Gay-Lussac exécutant des expériences à l'altitude de 4 000 mètres le 20 septembre 1804. Extrait de "La Nature" 1874, p. 328

Après ce petit voyage au cœur de la météo, n'hésitez pas à vous promener vous aussi au sein des archives de Lectura Plus sur le thème de votre choix! 



Pour aller plus loin sur l'histoire de la météorologie : Histoire de Météo France (nouvel onglet)

Sources : 
Bruno MORANDO, « LE VERRIER URBAIN JEAN JOSEPH (1811-1877) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 3 septembre 2020

Jean-Pierre CHALON, « MÉTÉOROLOGIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 3 septembre 2020