Ambérieu-en-Bugey et Armand Decour

Dans la département de l’Ain, à l’ouest du Bas-Bugey, entre les étangs de la Dombes et le plateau d’Hauteville, se trouve Ambérieu-en-Bugey.

Ces terres riches d’histoire, rattachées à la France depuis 1601 par le Traité de Lyon, furent occupées par les Ambarres, les Romains, les Burgondes. Plus récemment, l’écrivain Roger Vailland habita les Allymes, l’un des hameaux de la commune. Mais il est un autre homme, moins célèbre certes, qui longtemps vécut à Bettant, dans l’agglomération d’Ambérieu : Armand Decour (1906-1984).

Armand Decour était un historien autodidacte passionné par l’histoire locale et régionale. Les châteaux des Allymes, de Saint-Germain, de Saint-Denis, témoins de l’histoire mouvementée d’Ambérieu et de ses alentours, le combat des Balmettes contre l’armée autrichienne, ou encore le patois local, sont autant de sujets qui n’avaient pour lui aucun secret. Auteur de près d’une vingtaine de publications, il organisait ponctuellement, en lien avec les sociétés savantes locales, des expositions liées à ses thèmes de prédilection.

En 1979, il signa avec la mairie et la médiathèque municipale le legs de sa bibliothèque personnelle, qui devint effectif cinq ans plus tard. Pas moins de cinq mille pièces rejoignirent alors les collections de La Grenette.

Un fonds précieux

Le fonds Decour est vaste, riche, précieux. On y trouve ses documents de travail bien sûr, mais également toutes ses acquisitions faites auprès des libraires et des bouquinistes qu’il côtoyait. Parce qu’il était un chineur et un collectionneur avisé, il accumula nombre de documents autographes de personnalités, d’archives publiques et privées en tout genre, d’estampes, de cartes, de plans.

Ainsi se mêlent des registres ecclesiastiques de l’Ain du 15e siècle et des planches publicitaires du 20e siècle, des coupures de presse de journaux locaux et la correspondance des descendants légitimés (ou non) de Louis XIV. De même, un acte d’aliénation de la terre seigneuriale de Lent par François Ier (1543) sur parchemin oblong nous rappelle l’importance de sa guerre contre Charles Quint et Henri VIII, tandis que de superbes gravures sur cuivre témoignent de la beauté des paysages du Bugey. En outre, alors qu’un tissu brodé aux armes de Saint-Étienne évoque la première session provinciale du Congrès des Orientalistes (1875), trois lettres de Jean-Zacharie Paradis de Raimondis (1746-1800) nous dévoilent ses sentiments par rapport à sa nomination comme lieutenant général au baillage de Bourg.

L'Épopée lunaire

<div>[Représentation de la lune dans son plein] : [estampe] / [gravé par Jean Patigny]. 1672-1679.</div>gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
[Représentation de la lune dans son plein] : [estampe] / [gravé par Jean Patigny]. 1672-1679.
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Mais au-delà de l’histoire, il était un tout autre sujet qui passionnait Armand Decour : la conquête de l’espace. L’historien laissait place à l’artiste, au rêveur. Et tel un Virgile des temps modernes, il composait pendant la guerre son Épopée Lunaire, poème épique de plus de 10 000 vers divisés en 8 chants, qui jamais ne fut publié et dont les épreuves et les manuscrits conservés à Ambérieu demeurent les seuls vestiges – exception faite de son envoi (vraissemblablement incomplet) à la BnF. Exception faite encore de son envoi au président de la République Valery Giscard d’Estaing à l’occasion de l’année du patrimoine 1980. Mais seul ce dernier sait ce qu’il en est advenu, et on se plaira à croire qu’il l’ait lu plutôt qu’il ne l’ait jamais reçu.


Gardons une part de mystère et ne dévoilons pas tous les trésors qui appartenaient à Armand Decour ; songeons que toutes ces pièces, aussi précieuses que variées, sont les souvenirs d’une mémoire qui eût tendance à se perdre. La médiathèque d’Ambérieu-en-Bugey s’affiche désormais comme l’un des lieux priviligiés de la conservation de cette histoire locale et régionale.


Carte du signalement

À chaque article, la carte sera mise à jour avec les armes de la ville visitée.
À chaque article, la carte sera mise à jour avec les armes de la ville visitée.

Le saviez-vous ?

Oblong vient du latin oblongus qui signifie “allongé”. Se dit d’un format dont la plus grande dimension se présente en largeur.

Synonyme du format à l’italienne, en opposition au format à la française.