Contexte historique

Vue d'ensemble

En Auvergne-Rhône-Alpes, une quarantaine d'établissements très variés conservent un nombre important d'ouvrages de bibliophilie contemporaine et de livres d’artistes. À l’origine de ce constat, on peut associer trois facteurs principaux. Tout d’abord la présence de nombreux éditeurs spécialisés et d’ateliers d’artistes sur le territoire. Ensuite, l’organisation de plusieurs salons dédiés à la petite édition ou à l'édition alternative comme à Lucinges ou à Riom crée une dynamique propice aux rencontres, aux découvertes et aux acquisitions. Enfin, la mise en place depuis 1993 d’un Fond Régional d’Acquisition pour les Bibliothèques (FRAB), qui aide les bibliothèques à acquérir ce type d’ouvrages, a également contribué à la constitution de ces fonds remarquables.

 

Particularités

Les établissements qui conservent ces ouvrages se distinguent autant par leur type (associations, bibliothèques départementales, bibliothèques municipales et intercommunales, bibliothèques de musées, bibliothèques universitaires, écoles d’art, etc.), par la volumétrie de leurs fonds que par leurs politiques d’acquisition. Mis à part la Bibliothèque municipale de Lyon qui conserve plus de 2000 ouvrages, les fonds les plus importants d'un point de vue volumétrique varient en moyenne entre 300 et 500 ouvrages. Ces ouvrages font l'objet d'un suivi particulier pour leur acquisition, leur catalogage et leur valorisation propre à chaque établissement. Les politiques d'acquisition peuvent être liées à un artiste résidant dans la région, à une thématique, ou à un souci d'exhaustivité comme, par exemple la représentation de toutes les techniques de l'estampe à la Bibliothèque municipale de Grenoble.

 

Définitions générales

Il est presque impossible d'évoquer les fonds de livres d'artistes et de bibliophilie contemporaine sans préciser les contours de ce que l'on désigne par « livres d'artistes » et « bibliophilie contemporaine ».

Le livre d’artiste

Postérieur à la Seconde Guerre mondiale, le livre d'artiste n’est généralement pas numéroté, et peut être « mal » imprimé. Il s’inscrit dans une démarche artistique et donc dans l’histoire de l’art. Il évolue en fonction des techniques et joue avec elles. Il suscite un contact plus direct avec le réel tout en l’interrogeant. Pour appréhender l’ouvrage, il est nécessaire de décoder la démarche artistique.

Le livre de bibliophilie

La bibliophilie contemporaine, dans le cadre du livre illustré, suppose au minimum deux acteurs : l’écrivain et l’illustrateur. Dans les livres illustrés, on peut trouver les appellations suivantes : livre de peintre ou livre de dialogue. La bibliophilie contemporaine suppose souvent une mise en œuvre précieuse ne s’inscrivant pas forcément dans une démarche artistique. Il y a généralement un lien entre le texte et l’image, le tirage est limité et signé par les concepteurs. La date de naissance de la bibliophilie contemporaine la plus souvent citée est 1874, correspondant à la date de parution de l’édition française du livre Le Corbeau, poème d’Edgar Allan Poe traduit par Mallarmé et illustré par Manet.

Le livre objet

Il peut être considéré comme une catégorie à part entière. Un effet est recherché, l’emploi de matériaux différents de ceux utilisés habituellement (bois, métal, tissus, verre…). La démarche se situe souvent du côté de l’abondance ou de la redondance.


Vous pouvez retrouver un glossaire détaillé sur cette page : glossaire de la bibliophilie contemporaine (nouvel onglet).

 

Fonds spécialisés en Auvergne-Rhône-Alpes

 

Auteurs et artistes emblématiques de la région


 

Les lieux dédiés aux livres d'artistes en région

En 2011, Michel Butor (1926-2016), écrivain, effectue un premier don de livres d'artiste en faveur de la commune de Lucinges en Haute-Savoie où il réside. Ce don d'une centaine d'ouvrages constitue le point de départ de la collection qui compte plus de 740 livres d'artistes (130 artistes représentés), dont l'ensemble le plus important de livres d'artiste de Michel Butor. Suite au décès de l'écrivain, Annemasse Agglo décide d'acquérir la maison de l'artiste pour y mener un projet culturel de grande ampleur. Le château de Lucinges va ainsi se transformer en un lieu de référence du livre d'artiste répondant aux missions essentielles de conservation, de recherche, d'exposition et de médiation auprès de tous les publics.
Le projet se décline sur trois sites répondant à trois fonctions complémentaires :
  • La Maison d'écrivain : lieu de création, accueil de résidence d'artiste et conservation de la bibliothèque de l'écrivain dans son état d'origine.
  • Le Manoir des livres : espace patrimonial sur le thème des livres d'artiste avec expositions et ateliers. Nom proposé par Michel Butor lui-même.
  • La Bibliothèque Michel Butor : lieu de lecture publique.

À Lyon, en 1978, plusieurs artistes s’associèrent pour sauver d’une destruction imminente une imprimerie lithographique désuète et en faillite. Ce patrimoine sauvegardé (presses historiques, pierres lithographiques centenaires), il fallut en définir l’usage. Dans le même temps se dessinait un projet politique de décentralisation culturelle. Ainsi l’URDLA assuma sa part d’engagement pour une diffusion démocratique de l’art vivant tout en affirmant son indépendance à l’égard des modes et du marché.

Depuis 1986, à Villeurbanne, une ancienne usine de 1000 mètres carrés abrite le Centre international estampe et livre, disposant de la chaîne intégrale d’édition de l’image et du texte.

L’équipe de maîtres-techniciens anime un atelier de lithographie, un atelier de taille-douce, un atelier de typographie, un équipement informatique, une galerie d’exposition et de rencontres, un magasin et quelque 2000 estampes disponibles, un centre de documentation et une librairie.

 

Patrimoine graphique et artothèques en Auvergne-Rhône-Alpes

Les fonds de bibliophilie contemporaine peuvent être complémentaires des collections de l'artothèque quand la bibliothèque en abrite une.

L'artothèque

Le nom féminin "artothèque", entré dans le Petit Robert avant 1980 avec le sens d’"organisme pratiquant le prêt d’œuvres d’art ou de reproductions", est issu d'un mouvement des pays nordiques du début du 20e siècle : en 1906, un artiste berlinois, Arthur Segal, lance le principe de la location des œuvres d’art afin de relancer le marché de l’art contemporain. Le socle commun sur lequel s’inscrivent les artothèques tient en deux éléments fondamentaux : l’achat d’œuvres contemporaines originales et leur prêt à un public.

Les collections empruntables sont constituées d’œuvres originales : estampes, photographies, vidéos, œuvres graphiques d'artistes qui représentent différents courants artistiques.

Source : Enssib, https://www.enssib.fr/le-dictionnaire/artotheque (nouvel onglet)

 

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