<div>© Charline Roguet pour Lectura Plus</div>
© Charline Roguet pour Lectura Plus

Rencontre avec Jean Dytar

Pouvez-vous vous présentez en quelques mots ?

Je suis auteur de bande dessinée. Après une formation d’artiste plasticien à l’université de St Etienne (DEA, suivi de l’agrégation), je suis  devenu professeur d’arts plastiques en collège. Au même moment, j’ai publié mon premier album aux éditions Delcourt (Le sourire des marionnettes, 2009). J’ai continué les deux activités en parallèle pendant plusieurs années, le temps de faire un deuxième ouvrage (La vision de Bacchus, 2014), puis j’ai arrêté d’enseigner pour terminer mon troisième album à plein temps (Florida, 2018). Depuis j’ai fait deux nouveaux ouvrages : Les tableaux de l’ombre (2019, en co-édition avec le Louvre) et #J’accuse…! (2021) toujours aux éditions Delcourt.

 

D'où vous est venue l'idée de ce projet ?

Initialement, je voulais mettre en scène le débat public en bande dessinée, à partir des divers canaux médiatiques que nous consultons, et auxquels parfois nous participons depuis l’avènement du Web 2.0 (même si le débat public se déploie aussi sur d’autres espaces, comme des réunions, meetings, débats parlementaires, manifestations de rue, etc.). C’est donc cet écosystème qui était l’objet de mon attention : mettre en scène ces dispositifs dans un livre et explorer par ce biais certains phénomènes politico-médiatiques contemporains. Par exemple l’instrumentalisation de faits divers par des idéologues de combat, et leur amplification par les effets de rebonds auxquels cette instrumentalisation initiale donne prise, par exemple l’esprit de polémique qui assure le spectacle et conduit à polariser les opinions, à désigner des ennemis, à transformer la discussion démocratique en foire d’empoigne sans issue autre que l’insulte voire la violence physique, ou encore la façon dont des argumentaires fondés peuvent être recouverts par des flopées de convictions basées sur des rumeurs, des biais de confirmation, des fausses informations, des « faits alternatifs »... Mais aussi, sur un versant plus positif, j’étais intéressé par observer certaines stratégies initiées par des mouvements militants pour faire irruption dans le débat public, convaincre, peser dans des rapports de force ou des conflits de valeurs qui déchirent une société… Voilà à peu près quelques-uns des phénomènes que je voulais mettre dans ce désir de livre, et c’était une façon pour moi de m’extirper du flux contemporain parfois asphyxiant pour poser un regard dessus avec un peu de distance.

Un jour, j’ai réalisé que l’affaire Dreyfus, dans son ampleur, me paraissait emblématique de ces phénomènes, et j’étais intrigué par en comprendre les mécanismes : comment cette histoire initiale de trahison dans l’armée, mal jugée et conduisant en quelques semaines un officier innocent au bagne, a-t-elle pu agiter le débat public français à ce point dans les dernières années du XIXe siècle ? Les médias n’étaient pas aussi diversifiés qu’aujourd’hui évidemment : tout se passait principalement dans la presse. Mettre en scène l’affaire Dreyfus avec le prisme des médias contemporains est donc parti sur l’intuition que, au-delà de la différence des temps historiques et des outils technologiques qui animent le débat public, celui-ci pouvait être travaillé par des mécanismes finalement assez semblables. Et au passage, en mettant mon dévolu sur ce sujet, je me suis aperçu que les thèmes qui se déployaient alors (vigueur d’un discours nationaliste fondé sur la haine de l’autre et le désir d’un pouvoir autoritaire, ou au contraire lutte contre l’arbitraire d’un pouvoir opaque et contre les discriminations) résonnaient fortement avec le moment que nous vivons…

 

Ce n’est pas votre premier travail ancré dans l’Histoire, réalisez-vous toujours des recherches approfondies avant d’entamer une création ?

Ce n’est pas la première fois, en effet, que je m’attelle à un projet qui requiert des recherches importantes, mais je n’en fais pas de telles pour tous mes projets. Tout dépend de la nature du projet.

Dès mon premier livre, en tout cas, j’ai eu le désir de nourrir mon travail graphique d’un fond de référence (en l’occurrence les miniatures persanes) qui m’a conduit à fouiller dans divers corpus. C’était pour moi une sorte de dialogue amoureux, que j’ai continué par la suite avec diverses sources visuelles, qu’elles soient picturales, cartographiques, ou pour ce dernier livre : les gravures de presse, mais aussi les typographies…

Et dès mon premier livre également, qui était fondé sur une légende historique iranienne, j’ai eu le souci de me documenter sérieusement quant au contexte historique sur lequel avait germé la légende. Ces recherches de contextualisation ont été une dimension du travail artistique qui m’a beaucoup plu, et que j’ai poussé plus loin de livre en livre (hormis Les tableaux de l’ombre qui ne s’inscrit pas dans un registre d’histoire). Dans La vision de Bacchus, qui se passe à Venise dans les ateliers de peintres à la Renaissance, j’ai eu l’expérience de reconstituer deux tableaux d’autel aujourd’hui disparus, après m’être mis en lien avec des historiens de l’art. Le lien avec des spécialistes a été une découverte, que j’ai prolongée dans le livre suivant, Florida. Cette fois, la recherche a été plus loin, je me suis appuyé sur des sources d’époque, écrites de la main de plusieurs de mes protagonistes du XVIe siècle. Je suis allé feuilleter la magnifique Cosmographie universelle de Guillaume Le Testu, un manuscrit de cartes daté de 1455 aux archives de Vincennes ! Et j’ai été en contact avec plusieurs spécialistes du domaine qui m’intéressait, dont Frank Lestringant qui a porté un regard sur l’ensemble de mon travail à plusieurs étapes de sa création.

Pour #J’accuse…! je n’ai pas souhaité me faire accompagner dans le travail, car j’ai su assez vite ce que je voulais faire, comment le faire et où trouver mes sources : dans les témoignages de certaines protagonistes (qui sont édités et facilement trouvables) et dans les journaux de l’époque (qui sont pour la plupart numérisés par la BNF et accessibles en ligne sur Gallica ou sur Retronews, site dédié aux archive de presse). Mais c’est la première fois que je me suis senti submergé par un océan d’archives ! Il était impossible de tout lire évidemment. Les travaux d’historiens m’ont aidé à naviguer au milieu de ces sources, notamment la somme de Philippe Oriol L’histoire de l’affaire Dreyfus, de 1894 à nos jours. Je lui ai soumis simplement mon travail à la toute fin pour relecture, et j’ai été ravi (et soulagé) de savoir qu’il l’avait apprécié… au point de me proposer une exposition dans la maison de Zola/musée Dreyfus quelques mois plus tard !

Comment avez-vous appréhendé le travail de recherche documentaire dans la presse ancienne ? La numérisation des collections et la quantité de documents disponibles rend-elle la recherche plus difficile, fastidieuse ou au contraire cela rend-il ce travail plus intéressant voire étonnant ?

Très clairement, la numérisation des sources est un outil extraordinaire pour la recherche. Cela facilite incroyablement non seulement l’accès aux documents, mais aussi l’archivage personnel qu’on peut en faire. C’est un gain de temps énorme. Il m’est aussi arrivé de faire des recherches à partir d’archives physiques, donc je peux constater la différence. L’avantage des archives physiques, c’est la dimension matérielle, bien sûr, qui génère une forme d’intimité très particulière avec la source, et donc de plus grandes prises pour l’émotion. Mais la numérisation des sources donne un accès public à un patrimoine gigantesque, et c’est inestimable d’être en capacité, aussi facilement, de pouvoir fouiller dans l’histoire collective. C’est véritablement un fonds commun rendu accessible à tout un chacun, pas seulement aux chercheurs, et la transmission du passé peut ainsi se situer à toutes sortes de niveaux.

Votre travail mêle histoire, patrimoine écrit et nouvelles technologies. Il fait, en ce sens, tout à fait écho aux projets de création littéraire développés par Lectura Plus. En quoi, selon vous, le rapprochement de ces disciplines est-il particulièrement intéressant ? Pouvez-vous nous expliquer/développer le rapport à la technologie dans votre travail de création, notamment le choix de joindre une application à l’objet ?

La nature du projet a conduit à le penser dans toutes ses dimensions. Objet hybride à mi-chemin entre le livre et l’écran d’ordinateur, il joue dans ses modalités de mise en scène avec les interfaces numériques autant qu’avec le journal du XIXè siècle. C’est bien sûr une façon de mettre en tension deux époques, de les faire se regarder en miroir et voir ce que l’une aurait à dire à l’autre. Mais ce n’est pas qu’une idée : je souhaitais que cela s’incarne dans une expérience physique de lecture. Pour moi, penser le livre comme un objet, c’est penser à la façon dont il peut être pris en main par le lecteur, comment cela va inférer sur son rapport à la lecture.

Ainsi, on ouvre un coffret qui se présente comme un ordinateur portable, avec un clavier imprimé et un livre-écran qu’on peut sortir de son écrin. Ensuite, même s’il s’agit bien de pages qu’on tourne comme dans n’importe quel livre, l’immersion dans le dispositif de narration doit beaucoup aux usages numériques de lecture auxquels nous sommes familiers, avec des fenêtres qu’on ouvre pour entrer dans le dispositif, avec également la présence récurrente de la flèche de souris en forme de doigt qui parfois oriente le regard dans telle ou telle direction ou donne l’impression de cliquer sur un lien actif (ce pictogramme qu’on appelle « manicule » existe depuis les manuscrits médiévaux et a pris diverses formes par la suite, c’est l’ancêtre typographique de la flèche). Je me suis amusé parfois avec une certaine archéologie des signes médiatiques, comme le like et dislike, qui prend sa source dans le pousse baissé ou levé à l’Antiquité, geste décrit à un moment par Clemenceau lors d’une séance à la Chambre des députés. Ou encore j’ai transposé en Gif animé une caricature authentique hostile à Zola qui, originairement, se manipulait à la main (un bout de papier qu’on pouvait retourner donnait l’impression de soulever la jaquette du personnage pour lui voir ses fesses)…

Parmi les autres phénomènes liés à nos usages de lecture numérique, il y a le fait que certains textes de journaux soient coupés en bas de cadre, comme si on pouvait scroller pour en lire la suite, ou bien le fait de passer simultanément et alternativement d’un registre à un autre (texte, vidéo, messagerie, publicités, liens hypertextes, etc.) : cela génère une saturation d’informations dans lequel on est habitué à trier. Ici, contrairement à un écran ouvert sur le web qui se situe dans un flux potentiellement infini, il s’agit d’un objet clos, ce qui incite peut-être davantage à déguster tous les détails présents à chaque page, chose que l’on ne fait jamais face aux pages web. Mais l’approche reste ouverte, et je pense qu’il y a plein de lectures différentes de ce livre en fonction des rythmes et désirs de chacun. La lecture peut rester fluide comme une bande dessinée classique si on le souhaite, mais elle peut aussi papillonner davantage, s’attarder...

A minima, il y a toujours quelques informations qui gravitent sur chaque page/écran, qu’on peut oublier ou auxquelles on peut se référer à volonté : les sources des textes et le nom des auteurs, situés en haut de page, dans des semblants de barres d’adresses url. Il y a aussi, plus discrètement, un curseur sur le côté droit qui indique à quel endroit du livre on est. Si on feuillette rapidement les pages, cela s’anime comme un flip-book !

Il s’agit finalement d’un jeu avec les formes d’interactions livre-écran, dans un rapport d’imitation, avec l’écart irréductible inhérent à cet objet imprimé sur papier qui n’est pas un objet réellement interactif (et c’est dans cet écart que j’ai trouvé une forme de jubilation, comme dans les pratiques de détournement, de pastiche). Sauf que… ce livre est aussi un objet réellement interactif ! En effet, les éditions Delcourt ont développé depuis quelques années une application de « réalité augmentée » qui permet de scanner les pages du livre et de donner accès à des contenus numériques, sur smartphone ou tablette. Il m’est apparu évident de m’en emparer sur ce livre pour donner accès directement à toutes les sources des journaux numérisées. Il y en a environ 300. Et, dans la foulée, étant donné qu’il y a un grand nombre de personnages, j’ai ajouté pas loin de 150 brèves notices biographiques ! En fin de compte, il y a plus de pages numériques disponibles que de pages papier, mais bien entendu cette dimension n’est pas indispensable à la lecture : le livre physique se suffit à lui-même. Néanmoins il est donc aussi devenu l’interface d’un outil de transmission des sources qui peut être utilisé de façon très ouverte. J’imagine que des enseignants, des étudiants, peuvent s’en emparer. Il y a de quoi vérifier que les textes de mon livre sont bien authentiques, mais aussi de quoi comparer entre mes transpositions et les modalités de lecture initiales. Il y a surtout la possibilité de lire l’ensemble des articles quand je n’en prélevais que des fragments. Et puis l’incitation à la curiosité, à feuilleter les autres pages des journaux initiaux, découvrir les autres sujets du moment, le contexte, etc. Et peut-être d’autres usages que je n’imagine même pas !

Lorsque l’on réalise une œuvre historique, à fortiori à partir de sources historiques, où se situe l’espace de création pour l’artiste ? Comment trouver l’équilibre en tant qu’artiste entre sa créativité et la retranscription de faits réels ?

Je l’ai un peu dit dans ma réponse précédente : l’espace de créativité le plus jubilatoire était principalement dans la transposition graphique des contenus de journaux, cette approche qui s’apparente au pastiche : jouer avec les codes médiatiques, l’anachronisme volontaire. Je me suis fabriqué une sorte de cadre contraignant qui devenait source d’invention, et à chaque page je me posais la question de la façon la plus stimulante à mes yeux de mettre en scène ces textes.

Dans ma façon de travailler, j’ai d’abord fait quelques essais pour voir si mon intuition de départ s’avérait fonctionner. Il me semblait que oui. Ensuite, j’ai travaillé pendant six mois uniquement sur le prélèvement des textes et leur agencement de façon à obtenir une sorte de montage de textes qui faisait récit. C’était rigoureux, fastidieux parfois, vertigineux même, mais cette phase du travail n’était pas dénuée de créativité : d’une part, j’avais en tête les dispositifs de mise en scène que je pouvais produire, donc je lisais ces textes avec un regard tendu vers ces transpositions. Parfois des idées de mise en scène me venaient suite à telle ou telle lecture (par exemple le selfie de Zola à Rome, ou encore les cadrages de scènes de rue agitée prises par smartphone lors du transfert de Dreyfus à la Rochelle au milieu d’une foule hostile). D’autre part, pour rester sur ce temps de prélèvement de textes, il y avait tous les enjeux liés à l’art du récit qui se posaient. Il ne s’agissait pas d’une écriture au sens propre, puisque je n’écrivais rien moi-même, mais un travail de scénarisation très important pour que l’organisation de ces textes fasse sens, soit fluide, rythmé, pertinent, digeste, et même capable de susciter des émotions. En fait, j’ai eu l’impression de me poser des milliers de questions tellement il y avait de strates à prendre en considération : pas seulement du point de vue de la rigueur historique donc, mais vraiment du point de vue des choix narratifs.

Et puis, le reste du travail était celui de la mise en scène, en l’occurrence du dessin et de la mise en page, qui m’a pris un an et demi. Je savais à chaque page quel serait le texte à transposer, mais à chaque fois il fallait improviser, à partir de mes envies initiales quand elles étaient déjà claires, mais parfois en fonction de l’équilibre du livre qui se faisait au fur et à mesure. Une alternance de recherche documentaire visuelle, de sources d’époque ou pas (je détaille cela sur mon site internet www.jeandytar.com), et de création, avec notamment un travail du dessin en hachures qui m’a donné beaucoup de plaisir. Je sortais alors temporairement des enjeux de la narration pour être dans le pur instant du dessin, et la pratique des hachures est de ce point de vue vraiment stimulante en terme de créativité : avec des accumulations de traits, il est possible de partir dans tellement de directions différentes ! La recherche d’une certaine lumière, d’une certaine texture, d’un certain dynamisme, m’a conduit à explorer toutes sortes de possibilités de dessin. En somme, le fait d’être contraint par la réalité historique n’était pas pour moi quelque chose qui étouffait le sentiment de créativité, mais au contraire était comme un préalable à partir duquel je pouvais jouer librement. Ce qui ne veut pas dire que j’ai usé de cette liberté n’importe comment : dans mon travail de représentation de l’histoire, l’anachronisme est assumé et clairement balisé. Je ne trompe pas le lecteur sur l’authenticité ou pas de ce que je représente : ce qui est authentique est explicite, ce qui relève de l’artifice est ostensible.

 

Est-ce que pour vous la BD est un médium plus évident pour rendre accessible des questions historiques et sociétales ?

Chaque langage a ses atouts, ses spécificités. Et je crois que ces questions peuvent être travaillées de façon singulière et forte dans chacun des langages, artistiques ou non, que nous avons à disposition. Il est certain que la bande dessinée est un langage particulièrement complet (et complexe) : il y a toutes sortes de façons de faire interagir des images fixes ensemble, de les faire interagir aussi avec des textes, et ces interactions génèrent le sentiment de la vie, du mouvement, du son, de l’espace ! Donc oui, évidemment que la bande dessinée a tous les outils pour proposer des approches stimulantes sur des questions historiques et sociétales.

Si la question porte sur l’accès au public, c’est un autre aspect des choses, lié à la façon dont la bande dessinée s’insère dans un écosystème culturel, et je ne suis pas le mieux placé pour y répondre. Je vois que, depuis plusieurs années, la bande dessinée est utilisé comme un outil pédagogique, pour de la vulgarisation scientifique ou dans une approche documentaire. C’est en effet une façon de donner accès à des connaissances issues des sciences dures ou des sciences humaines, parfois par un biais ludique. A titre personnel, ce n’est pas dans ce sens que je pense ma façon de travailler. C’est-à-dire que je ne me dis pas que je vais pouvoir sensibiliser un plus large public à tel sujet difficile ou méconnu, ou que cela va être une façon plus accessible de transmettre tel sujet. Sur ce dernier livre, j’ai d’ailleurs l’impression d’avoir fait un ouvrage qui n’est pas spécialement facile à lire (ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas passionnant !). Pour ce qui me concerne, je m’attache simplement à creuser au mieux le sujet qui m’intéresse de la façon qui m’intéresse, sans tellement penser à la dimension culturelle globale dans laquelle va s’insérer mon travail.

Quel public avez-vous souhaité toucher avec votre album ? Avez-vous imaginé ou déjà réalisé des temps de médiation autour de cet album ? Quelle forme prennent ou prendraient-ils ?

Dans la continuité de ma réponse précédente, quand je fais un livre, je n’ai pas en tête une catégorie de public particulier. C’est moi, mon public idéal ! Ensuite, j’ai bien sûr l’espoir de m’adresser à tout le monde et que mon travail n’intéressera pas que moi. La vocation du livre, une fois qu’il est terminé, c’est d’être lu, et ceci n’est plus tellement de mon ressort. Ceci dit, j’aime l’accompagner par des rencontres publiques, j’aime en parler, j’aime découvrir les réactions qu’il suscite. Je constate que mon travail intéresse parfois des gens qui d’habitude ne vont pas forcément vers la bande dessinée. Il m’arrive régulièrement d’intervenir dans différents contextes, sous différentes formes (conférences, tables rondes, discussions, ateliers) et en général ces échanges me paraissent stimulants de part et d’autre. C’est souvent l’occasion d’évoquer l’envers du décor de la création, et j’aime aussi transmettre cet aspect des choses. En tant que spectateur ou auditeur, j’aime aussi entendre parler les créateurs et chercheurs sur leurs démarches, leurs regards sur le monde.

 

Quels sont vos prochains défis ? Souhaitez-vous renouveler cette expérience entre technologie, création et faits historiques dans vos prochains projets ?

Je travaille sur plusieurs projets, qui creusent encore certains sujets historiques. Donc oui, ces expériences de recherche/création vont se poursuivre. Pour ce qui concerne la technologie numérique, elle reste un outil indispensable, mais je ne sais pas encore si je m’en emparerai d’une façon ou d’une autre dans la matérialité même des futurs livres…

Le mot de la fin ?

Il n’y a jamais de fin !

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Informations pratiques

#J’Accuse…!, Jean Dytar
Éditions Delcourt (collection Mirages)
en librairie depuis septembre 2021
312 pages


 

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Et dans la presse contemporaine ?

À écouter : Bulles de BD du mercredi 29 septembre 2021

Bande dessinée : "#J'accuse...!" par Jean Dytar ou l'Affaire Dreyfus racontée à la façon de 2021


À lire : Le Figaro Culture du samedi 4 septembre 2021

#J'Accuse...! , quand l'Affaire Dreyfus emballe les réseaux sociaux


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